Plus encore que les livres, l’expérience de la vie quotidienne donne parfois des clefs de compréhension du monde et nous plonge dans des méditations sur son devenir. C’est une de ces petites expériences ordinaires que j’aimerais partager aujourd’hui avec les lecteurs de « Minute ».
Je me suis retrouvé en effet il y a quelques jours de cela, à l’occasion de la chandeleur, dans une petite fête qu’organisait une mère de famille dans un de ces quartiers parisiens que l’on peut, sans aucun risque d’être contredit, qualifier de « boboland ». Une grosse dizaine d’adultes, le double d’enfants, le tout dans un appartement de 120 mètres carrés en duplex aménagé avec goût.
Précisons d’emblée, au risque de décevoir, que ces gens étaient très sympathiques et accueillants, à l’inverse de leurs enfants qui, eux, sont horriblement mal élevés. Ces roitelets morveux de 8 ou 9 ans interrompaient en effet systématiquement les adultes, se ruaient comme des sauvages sur les crêpes et affirmaient une volonté de toute-puissance (principalement les petits mâles) qu’aucun parent ne semblait vouloir limiter par une bonne vieille taloche à l’ancienne. Premier bilan : les bobos sont sympas mais leurs enfants sont insupportables, beaucoup trop cajolés par des mères étouffantes (« mon pauvre petit qui a mal au ventre après sa onzième crêpe au Nutella, viens que maman te fasse un bisou ») sans que cette flatterie narcissique perpétuelle ne soit compensée par la loi du père. La mère bobo est somme toute une mère comme les autres mais le père bobo a renoncé à être un père. Il est au mieux le copain de son fils, au pire sa deuxième mère. Disons franchement les choses : chez les bobos, les femmes ont gagné la kulturkampf.
Si les bobos sont sympathiques, ils sont aussi complètement schizophrènes. Tous d’un même niveau culturel et social, tous « créatifs » dans la pub, la com ou la production, tous Blancs entre 40 et 45 ans, les membres de cette réunion étaient le symbole parfait de l’entre soi. Boboland est pourtant également un quartier de cités à forte immigration ; pas l’un de ces immigrés ni de leurs enfants n’était pourtant représenté. Jusque-là, rien à redire ; c’est précisément cet entre soi qui rendait la réunion agréable. Mais le problème, c’est que cette même petite compagnie ne cessait de vanter le vivre-ensemble et l’immigration-chance-pour-la-France ! Or, prêcher le vivre ensemble quand on a soi-même les moyens de l’éviter revient à l’imposer à ceux qui n’ont pas ces moyens, c’est-à-dire aux plus pauvres. L’hypocrisie devient alors scélérate.
De quoi parlent des parents réunis autour d’un verre de cidre ? De l’école et de leurs enfants principalement. A propos du conservatoire de musique où était inscrit son fils, une femme estima que les filles étaient plus appliquées que les garçons dans l’apprentissage du solfège. Une autre mère qui lui faisait face prit alors une mine exagérément dégoûtée et répéta plusieurs fois en hochant la tête : « Tu n’as pas le droit de dire cela. » Sur le coup, j’ai cru à une blague. Je pensais que la femme mimait l’indignation pour se moquer des opinions politiquement correctes. Je me suis donc réjoui de cette ambiance à mon goût ; on allait pouvoir parler librement, ce qui comme on le sait devient de plus en plus difficile en société. Sauf que la femme ne plaisantait pas du tout : elle était réellement scandalisée que l’on puisse affirmer qu’il y ait la moindre différence entre les filles et les garçons.
Intrigué, j’ai voulu lancer le débat. J’ai à peine eu le temps de débuter une phrase sur les différences d’ordre biologique entre filles et garçons que la moitié des visages se sont fermés et qu’un silence glacial a plombé l’ambiance, me contraignant par une pirouette d’expert à terminer cette même phrase en expliquant que bien sûr, ces différences n’avaient aucune incidence sur les comportements et que d’ailleurs, au fond, si l’on y réfléchissait bien, elles n’étaient certainement qu’une création de la culture. L’incident était clos et l’assemblée me pardonna mon début de pensée déviante. Mais il faut bien noter que si j’avais affirmé que les Noirs étaient inférieurs aux Blancs, je n’aurais pas plus choqué.
J’en tire donc une nouvelle conclusion expérimentale : chez les bobos, l’affirmation d’une différence sexuelle est en passe de quitter le domaine de l’opinion admise et discutable pour entrer dans celui de l’ignoble et du nauséabond.
La suite logique de cette évolution, si tant est que la société continue dans la même direction, devrait donc être la criminalisation de cette opinion (incitation au sexisme, discrimination envers les femmes, etc.). A moins que le réel ne refasse irruption dans nos vies d’une manière ou d’une autre. Mais il faudra alors plaindre les bobos car dans leurs petits îlots enchantés, dans leur univers imaginaire, dans leur bulle douillette, ils ne voient strictement rien venir, ils ne comprennent strictement rien et ils seront tout nus quand leur monde s’écroulera.
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