Casser la voix, d’accord, mais la tirelire, faut pas charrier. Le temps est loin où Patrick Bruel figurait au premier rang de la « gauche-pipeule ». Aujourd’hui, il joue à Las Vegas, et pas seulement de la guitare. L’artiste est devenu un as du poker, au point d’avoir investi dans Winamax, la première « salle » française de poker en ligne. Or, la promesse de François Hollande d’imposer à plus de 75 % les revenus supérieurs à un million d’euros a provoqué chez le roi de la quinte-flushune mauvaise quinte de toux. Paire, impair et la pilule ne passe pas ; sur RTL, Patrick rouscaille ferme : « Je suis très content de participer à une solidarité, très content de reverser une grande partie de ce que je gagne. Là, ça atteint des proportions où ça devient limite confiscatoire et spoliateur ». En somme, trop de plaisir tue le plaisir. Si c’est comme ça, banco, il vote Sarko : avec lui, au moins, les cartes ne sont pas biseautées, on sait où l’on va et même où l’on dîne, réservez-moi une table au Fouquet’s pour le 6 mai. Un autre cœur de gauche, Jamel Debbouze, juge, lui aussi, le projet de taxe d’Hollande « ridicule ». Cependant, l’impitoyable Flanby se moque de la détresse des pauvres riches : « Je les entends pleurnicher, certains qui touchent des millions d’euros : mais qu’est-ce que nous allons faire, nous sommes condamnés à l’exil ! » Leur restera-t-il seulement de quoi se payer le billet pour la Suisse, en deuxième classe ?
La gauche ne confond pourtant pas le bon riche avec le mauvais. A Jamel, il est beaucoup pardonné car il appelle néanmoins à voter socialiste ; tandis que Patrick, lui, est définitivement jeté hors du paradis tout rose car il s’est laissé bluffer par Sarko au point d’avoir voté pour lui en 2007, puis de s’être définitivement rallié à lui dans un livre d’entretiens avec l’impayable Claude Askolovitch, publié en novembre 2011 : « Ma sensibilité, y affirme-t-il, a toujours été de gauche, mais être de gauche aujourd’hui, c’est très compliqué. (…) La gauche de ces dernières années m’a souvent déçu et peu intéressé. Mais savait-elle elle-même ce qui l’intéressait ? À part être anti-sarkozyste, quel a été son cheval de bataille ? » Ben, les hausses d’impôts, justement… Devant cette défection, les anciens camarades voient rouge : Bruel, le peuple aura ta peau ! Sur le site Internet du « Nouvel Obs », le social-traître est proprement fusillé. Et sur celui de « Marianne », l’exécuteur, rappelant que le pousse-rengaine était naguère « invité permanent aux grands shows télévisés des… Restos du cœur », cite Coluche : « La vulgarité, c’est quand un chanteur parle de sa feuille d’impôts au président de la République. » Qui n’aime plus châtie bien. Bruel est accusé
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- Publié dans le numéro : 2559