Dans le cadre du débat sur le « mariage pour tous », Jacques Bompard, député-maire non inscrit d’Orange (Vaucluse), a proposé plusieurs amendements jugés « provocateurs », comme la suppression du mariage ou le mariage « à plusieurs personnes ». Il s’en explique pour « Minute ».
Minute : Durant le débat sur le mariage pour tous, vous avez proposé une série d’amendements comme la suppression du mariage ou la reconnaissance du « mariage à plusieurs ». Plusieurs médias et politiques ont considéré que vous jouiez la « provocation »
Jacques Bompard : Sauf qu’il ne s’agissait pas tant d’amuser la galerie que de « provoquer » la réflexion ! Mes principaux amendements répondaient à une volonté de placer la gauche face aux conséquences logiques de son projet de loi. Au nom de « la reconnaissance de l’amour », le gouvernement prétend créer le « mariage pour tous ». Mais, dans ce cas-là, il faut qu’il soit vraiment pour tous : pour les polygames, pour les mineurs, pour les amateurs de mineurs, pour les incestueux… On me dira qu’il n’y a pas de lien entre tout cela. Or, il en existe un et qui est précisément au cœur de la folle logique de ce projet de loi.
A partir du moment où l’on dit que le mariage se justifie par ce mot vague, « amour », qui peut recouvrir tant de réalités, tant de beauté, mais aussi tant d’illusions, tant de perversités, alors il n’y a plus de barrière. Alors, comme Léon Blum, on peut ne pas « discerner ce que l’inceste a de proprement repoussant » (Du mariage 1937, page 82). Alors, comme Daniel Cohn-Bendit en 1975, on peut considérer que l’amour libre concerne aussi les enfants, quitte, plus tard, à avoir des remords d’avoir écrit cela. On peut aussi, comme au Brésil, marier trois personnes à la fois et, comme en Arabie saoudite, unir des enfants à des vieillards. On peut tout, puisque plus rien n’a de sens, puisque la société est privée de ses droits et la nature bafouée dans son équilibre.
Si l’amour est la base du mariage, alors pourquoi ne pas autoriser le mariage de soi avec soi. Narcisse n’est pas moins honorable que Castor chevauchant Pollux. Pourquoi le priver de ces « droits », pourquoi le soumettre à une « discrimination » ?
Que pensez-vous de la gestation pour autrui (GPA) ?
Lorsque l’homme a le pouvoir technique de faire quelque chose, l’histoire prouve qu’il le fait. Cela ne présentait, jusqu’à récemment, que des risques limités à l’échelle historique.
L’homme du XXIe siècle saura-t-il ne pas céder au vertige de la démesure ? La GPA participe de ce débat crucial. L’accepter imposerait de se placer dans une logique prométhéenne, comme pour le projet de loi ouvrant le mariage homosexuel. Il est possible techniquement de greffer un utérus à un homme. Il est possible de lui faire porter un enfant qui naîtra par césarienne. Qui peut prétendre aujourd’hui que, demain, on ne nous demandera pas de faire une loi pour l’autoriser ?
Je crois que le possible n’est pas toujours le nécessaire et encore moins le souhaitable. Je crois que la technique doit servir la société, et non pas l’individu, son désir ou sa jouissance.
Que pensez-vous du projet de droit de vote pour les immigrés aux élections locales ?
C’est un vote communautaire qui a, en partie, permis à François Hollande de battre Nicolas Sarkozy. Donner le droit de vote aux étrangers à l’échelle municipale est vital pour assurer la victoire des maires de gauche. Le paradoxe est que, contrairement aux apparences, ce sont les socialistes qui se mettent en position d’être les harkis de certaines communautés étrangères.
A court terme, devenues majoritaires, celles-ci feront battre la gauche par des listes communautaires.
Le droit de vote pour tous, le mariage pour tous, bientôt le suicide pour tous : voilà autant de formules pour masquer et promouvoir, dans tous les domaines, politique ou social, un nihilisme généralisé.
Le devoir d’un élu de la nation est de s’opposer à ces dérives.
Propos receuillis par Patrick Cousteau