Le théoricien Jean-Yves Le Gallou, inventeur du concept de « réinformation », s’est fait une spécialité de décrypter les informations diffusées par les médias dominants. Il analyse pour nous la diffusion massive de la photo du petit Aylan, l’enfant syrien de trois ans photographié mort sur une plage de Turquie, et l’utilisation qui en est faite.
« Minute » : Votre premier commentaire, sur Twitter, après avoir vu cette photo, fut pour dire qu’elle est « triste ». Rien de plus ?
Jean-Yves Le Gallou : La photo procure évidemment un sentiment de tristesse. Simplement, il meurt malheureusement beaucoup d’enfants tous les jours dans le monde et en France, beaucoup d’ailleurs par noyade. Cet été, rien que sur les deux premiers mois de l’été, des dizaines d’enfants et d’adolescents sont morts noyés sur les plages françaises. Près de un par jour ! Laissez-moi vous citer un rapport de l’Institut national de veille sanitaire : « Les enfants de moins de six ans représentent 15 % des décès par noyade accidentelle chaque année. » Le décès d’un enfant par noyade n’a vraiment rien d’exceptionnel.
Mais la mort de cet enfant a fait le tour du monde…
Non. On n’en a pas parlé en Chine, on n’en a pas parlé en Afrique, on n’en a pas parlé en Inde, etc. Cette photo a fait le tour des pays européens, elle n’a pas fait le tour du monde. C’est encore une déformation de croire que ce qui fait la une de l’actualité en Europe serait