Le jeudi, les rappeurs marseillais du collectif Zbatata donnaient des leçons de morale sur France 2. Le samedi, ils fichaient le souk dans un concert en Avignon. Bilan : un mort. Une sale affaire qui illustre de nouvelles dérives. Hier, les rappeurs s’attaquaient à la France et aux « Céfrans »… Aujourd’hui, ils se bouffent la gueule entre eux. On ne va pas se plaindre.
Jeudi 13 septembre, sur France 2, dans l’émission « Envoyé spécial », un reportage était consacré aux « arracheurs de Marseille », ces jeunes délinquants qui se sont spécialisés dans le vol à l’arraché des bijoux en or. Un vrai fléau. A Marseille, la police recense près de 300 agressions par mois ! Lors de cette enquête, Karim Baïla, l’envoyé spécial de France 2, raconte – en voix off – que dans ce tableau noir, il y a encore un peu d’espoir, une petite lumière que la culture rap fait briller : « Je rencontre les Zbatata, un collectif de rappeurs qui a écrit un morceau sur l’arrachage de colliers. Les Zbatata savent de quoi ils parlent, certains sont d’anciens arracheurs, beaucoup ont fait de la prison, quelques-uns sont encore sous contrôle judiciaire… tous se sont rangés grâce à la passion du rap. »
Face à la caméra, un certain Rachton, apparemment le caïd du collectif Zbatata (qui tient plus du cirque Zavatta que de la troupe du révolutionnaire Zapata), confirme les vertus thérapeutiques du rap : « On incite les jeunes à s’en sortir ! » Et, afin de nous prouver que ces jeunes repentis sont désormais animés des meilleurs sentiments, le journaliste leur met sous le nez la photo de Louis, un grand-père de 83 ans, le visage tuméfié après l’agression d’un arracheur. Le commentaire de Rachton est catégorique : « Ils ont aucune valeur, ceux qui ont fait ça, ils ont pas de principe, on fait pas ça à un vieux, faut sortir d’hôpital psychiatrique pour faire ça. (…) Nous, on cautionne pas ça, on n’aime pas les gens comme ça. » Mais avec les Zbatata, ça ne se passe pas toujours