Les Français d’Algérie, et ceux de métropole qui n’ont rien oublié, célèbrent cette année avec amertume le cinquantième anniversaire de la perte de l’Algérie. Une mort qui a donné naissance a l’hebdomadaire « Minute » qui, un demi-siècle plus tard, est toujours présent. Avec la même insolence et la même vigueur pour crier la vérité.
19 mars 1962. Les accords d’Evian, signés la veille, entrent en vigueur. A l’annonce de ces accords d’un hypothétique cessez-le-feu, qui va causer, au cours des trois mois qui suivent, plus de morts en Algérie que les huit années de guerre qui s’achèvent, un homme, parmi des milliers d’autres, pleure. Il s’appelle Jean-François Devay. Il a trente-six ans. Médaillé de la résistance, il a été rédacteur en chef du magazine « Jour de France » avant de devenir le journaliste vedette du quotidien « Paris-Presse ». Il ne fait pas de politique. Il a même été proche du parti communiste pendant l’occupation et les années de résistance. Mais la trahison gaulliste lui est insupportable. Elle lui inspire la révolte. Le dégoût. Le mépris. C’est dans cette ambiance que « Minute » va naître : « S’il n’y avait pas eu la Deuxième Guerre mondiale, je serais sans doute devenu médecin. S’il n’y avait pas eu la guerre d’Algérie, je ne serais pas devenu journaliste politique » écrira Jean-François Devay en 1971, quelques mois avant de mourir.