Alain Juppé est en campagne, mais pas pour l’élection départementale qui se tiendra dans trois semaines. Pas après pas, déclaration après déclaration, il se positionne pour la primaire de l’UMP, mais aussi pour une éventuelle future campagne présidentielle. Ainsi, en marge d’un déplacement pour soutenir les candidats UMP du 93, il est surtout allé mardi dernier « à la rencontre des musulmans » de Seine-Saint-Denis.
S’agit-il d’une lente dérive personnelle, car elle est continue, ou bien d’un simple choix de tactique électorale ? Alain Juppé a bien des défauts, mais il n’est pas sot : peut-être a-t-il lui aussi mesuré que la défaite de Nicolas Sarkozy face à François Hollande était en grande partie imputable au vote musulman ? Une étude Opinion Way menée sur 10 000 votants lors du second tour de l’élection présidentielle 2 012 avait en effet indiqué que 93 % des électeurs se déclarant musulmans avaient voté pour le candidat socialiste. Un autre regard, une autre vision même, pourrait être de considérer que ce sont les voix des électeurs frontistes qui ont manqué à la droite et que c’est sans doute eux qu’il faudrait chercher à reconquérir… Mais nous parlons ici d’Alain Juppé et non de Patrick Buisson ! Et il est vrai que celui qui fut présenté par Jacques Chirac comme « le meilleur d’entre nous » est désormais surtout « le meilleur d’entre mous ».