A défaut de pouvoir faire voter les morts, François Hollande tente de récupérer la voix de l’un d’eux… Ainsi mercredi 14 mars à Marseille, où le candidat socialiste tenait meeting : alors que parmi les « people » invités on comptait l’acteur Christophe Malavoy, l’humoriste Gérald Dahan ou encore l’ancien judoka Thierry Rey (ancien compagnon de Claude Chirac, à qui il a donné un fils), c’est un très cher disparu qui a fait exploser l’applaudimètre. Le lendemain, le journal « La Provence » en témoignait : « Reste que la célébrité la plus applaudie, hier soir, ne votera pas le 22 avril prochain. On parle de Coluche, qui, dans un sketch daté 1980 et intitulé “Misère”, également diffusé sur grand écran, lançait à Michel Drucker hilare : “Mais ça va durer tout ça… attendez que la gauche passe, en 2012, vous allez voir !” ». Sans vergogne, François Hollande fait donc diffuser sur grand écran un extrait de l’émission « Champs-Elysées » où Coluche, avant d’entamer sa fameuse chanson (« Misère, misère, c’est toujours sur les pauvres gens que tu t’acharnes…») déclarait effectivement sur le ton de l’ironie : « Attendez que la gauche passe, vous allez voir… en 2012, vous allez voir… Mireille Mathieu au goulag… » Et aujourd’hui, dans cette boutade du comique, les socialistes voient un signe du destin, un clin d’œil de l’histoire. Mais du ciel, c’est un bras d’honneur que Coluche doit leur adresser. Car il sait ce qu’ils valent… Quand Coluche avait présenté sa candidature à la présidentielle de 1981, il avait un slogan, « Un pour tous et tous pourris », qui mettait dans le même sac le PS et la droite. A l’époque, le candidat socialiste, François Mitterrand, n’avait pas apprécié cette farce tranquille. Il avait peur que Coluche lui chipe une partie de son électorat. Il avait alors chargé ses conseillers, au premier rang desquels Jacques Attali, de saboter la campagne de Coluche, afin notamment qu’il n’obtienne pas les 500 fameuses signatures… Et rappelons que c’est sous le règne de François Mitterrand que Coluche, pour lutter contre une misère qui malgré les promesses du PS s’acharnait toujours plus sur les pauvres gens, créa en décembre 1985 les « Restos du Cœur ». Alors quand aujourd’hui François Hollande convoque Coluche à ses meetings, c’est gros comme le camion qui a provoqué l’accident mortel du comique en juin 1986. Et on entend une voix d’outre-tombe qui lance au candidat socialiste : « Casse-toi enfoiré, et tchao pantin ! ».
Pierre Tanger
Pierre Tanger