La question était sur toutes les lèvres mais elle est devenue centrale depuis que, dans un livre de près de 400 pages, six pages ont été consacrées à cette question (1). Six pages lues par tous les journalistes mais commentées par aucun. A « Minute », nous avons décidé d’en parler. Car nous ne voulons pas, un jour, devoir dire : « Nous savions, mais nous n’avons rien dit. »
La scène se passe lors des « Journées d’été de Marine Le Pen » tenues en septembre 2011 à Nice. Lors du « dîner de gala », trois garçons, homosexuels, cherchent une table pour dîner. Ils tournent, trouvent une table, s’installent et sont au final dix autour de celle-ci. Deux filles et huit garçons. Et sur les huit, six sont homosexuels ! Dont, selon Jérémy qui relate la scène, « un qui travaille au Carré [le siège du FN à Nanterre], qui nous précisait – à prendre avec des pincettes – qu’il y avait 60 % des cadres qui étaient gays […], dont un qui est une folle furieuse, que l’on a vu d’ailleurs ». Et Jérémy de commenter, après avoir regardé, avec sa sensibilité, toute l’assemblée réunie ce soir-là : « C’était la Gay Pride au FN ! Version soft, mais il n’y avait que des gays ! » (2)
Roger Holeindre avait averti Le Pen
Le pourcentage est certainement surestimé mais, comme le dit avec une verve toute méridionale un cadre frontiste du Midi de la France : « Les flamands roses sont en train de s’emparer du poulailler. » Par le bas et par le haut. Par le bas en raison, analyse un sociologue, d’une « forte droitisation de l’imaginaire gay », les homosexuels voyant en l’islam et, plus généralement, dans les Arabes, une menace pour leur « identité sexuelle ». Et en raison de l’« effet Marine », dont une phrase, prononcée le 1er mai 2011 à Paris à l’issue du défilé de Jeanne d’Arc, a été perçue comme un signal très positif par la communauté homosexuelle : « Qu’on soit homme ou femme, hétérosexuel ou homosexuel, chrétien, juif, musulman ou non-croyant, on est d’abord Français ! » Non seulement la direction du FN ne se livrait plus à des plaisanteries gauloises sur les homosexuels, mais hétérosexuels et homosexuels étaient placés à égalité par celle qui dirigeait maintenant le parti.
Mais l’« effet Marine » est allé au-delà. Ainsi Laurent Brice, secrétaire départemental du FN pour le Pas-de-Calais et conseiller municipal d’Hénin-Beaumont, élu sur la liste menée par Steeve Briois, affirme-t-il que « Marine a attiré une communauté gay, un peu comme une égérie », comparant la présidente du FN à Dalida, l’icône absolue des gays ! (3)
C’est également ce qu’expliquait en janvier 2011, sous couvert d’anonymat, un cadre du parti, alors que Marine Le Pen, élue quelques jours plus tôt à la présidence du FN, venait de constituer son équipe de direction avec plusieurs cercles rivaux : « La dimension privée complique un peu les choses. Il peut y avoir chez certains un phénomène de jalousie, surtout chez quelques anciens mégrétistes. Ceux-là sont presque dans la vénération de la patronne : pour eux, Marine, c’est Dalida. Et Louis [Aliot] leur fait de l’ombre… »
Le premier à s’en inquiéter a été Roger Holeindre, le grognard, le vieux de la vieille, cofondateur du FN et pourtant démissionnaire de celui-ci à la prise de pouvoir de Marine. Lui, le fidèle d’entre les fidèles, est allé voir Le Pen et lui a vidé son sac. « Pourquoi tu t’en vas ? », lui a demandé Le Pen. « Parce que ta fille à qui t’as donné le parti ne représente plus mes idées, pas plus d’ailleurs que les tiennes. En plus, elle ne s’est entourée que de pédés et ça ne me plaît pas. » Et « Popeye » d’ajouter : « Moi, je suis pour les quotas dans la vie et là, le quota a été dépassé puisque dans son entourage direct, il y a