Le Front national fêtera ses quarante ans le 5 octobre. Quatre décennies qui, de Georges Pompidou à François Hollande ; de l’anticommuniste reaganien au populisme laïciste, en passant par la découverte du péril migratoire ; ont rythmé les combats menés par le parti patriotique. Une longue histoire marquée par des succès et des défaites, des espérances et des déconvenues. Une page de l’histoire de France.
5octobre 1972. Georges Pompidou est à l’Elysée depuis un peu plus de trois ans. La France est un pays prospère qui n’a pas encore conscience de son déclin. Le 1er juillet précédent, le Parlement a voté à l’unanimité la loi Pleven qui va la désarmer face à la poussée migratoire des années à venir. Mai 1968 est déjà loin, mais son esprit a durablement imprégné la société. La période des trente glorieuses connaît ses dernières heures. Depuis 1965 et l’échec relatif de Jean-Louis Tixier-Vignancour aux élections présidentielles, la droite nationale est atone. Au cours des événements de 1968, elle a compté pour quantité négligeable. Le mouvement Occident a été dissous. L’aventure d’Europe action et du Rassemblement européen de la liberté a été sans lendemain. Seul le mouvement Ordre nouveau, créé en 1969 à l’initiative d’Alain Robert, apparaît quelque peu structuré. C’est précisément ce mouvement qui, dans la perspective des élections législatives de 1973, décide de rassembler une droite nationale complètement dispersée sous sa bannière. Mais Ordre nouveau sent le soufre. Ses militants sont, pour la plupart, des têtes brûlées. Il lui faut un représentant présentable. Au cours d’un dîner qui s’est tenu le 19 décembre 1971, le choix s’est porté sur l’ancien député poujadiste Jean-Marie Le Pen. A quarante-quatre ans, celui qui a dirigé la campagne de Tixier-Vignancour en 1965 semble être au crépuscule de sa vie politique. Il accepte sans enthousiasme la présidence de ce Front national pour l’unité française – FNUF – porté sur les fonds baptismaux salle des Horticulteurs à Paris en cette soirée du 5 octobre 1972. L’aventure commence. Quarante ans plus tard, elle n’est toujours pas terminée !
Les débuts sont laborieux. Hormis Ordre nouveau et les amis de Le Pen, les différentes chapelles de la droite nationale restent en dehors du Front national. Aux élections législatives du 4 mars 1973, les 104 candidats du mouvement – qui devait en présenter 400 – obtiennent en moyenne 1,3 % des voix. Le spectre groupusculaire plane sur ces rangs clairsemés.
D’autant qu’au sein du nouveau Front national, les tensions ne tardent pas entre