C’est dans un climat morose que les électeurs s’apprêtent à aller voter le 10 juin pour élire leurs représentants à l’Assemblée nationale. Pas de débat, pas de combat, pratiquement pas d’enjeux… Comme si la droite était contente à l’idée de voir arriver une vague rose au Palais-Bourbon.
Ces élections législatives, dont le premier tour aura lieu dimanche, sont étranges à plus d’un titre. Comme si, après cette élection présidentielle si âpre, tout le monde, partis inclus, éprouvait le besoin de souffler. Comme si le ressort qui fait les grandes campagnes, les grands débats, les belles joutes était cassé. Comme si, ayant perdu Nicolas Sarkozy, la droite avait perdu en même temps l’énergie que celui-ci lui insufflait.
Certes, sur le terrain, les députés sortants, qui veulent conserver leur siège, et ceux qui aspirent à leur succéder, battent la campagne.
Mais de débat national, il n’y a pas. De grands rendez-vous télévisés non plus. A croire que la France est entrée dans un régime présidentiel – ce qui n’est pas du tout ce qui est écrit dans ses institutions – et que, somme toute, quel que soit le résultat des élections législatives, il ne pourra rien changer à ce que les Français ont décidé le 6 mai dernier en élisant François Hollande. Voici que la France est sous anesthésie dont elle ne se réveillera que dimanche soir pour prendre connaissance, en spectatrice, de ce que les Français qui auront participé au scrutin auront décidé, et nul ne semble douter que ce qui sortira des urnes sera conforme au vote du 6 mai.
Hollande a eu vraiment de la veine d’être élu
Depuis que les élections législatives suivent immédiatement l’élection présidentielle sans qu’il soit besoin au chef de l’Etat élu de dissoudre l’Assemblée nationale, il est admis que le scrutin législatif ne peut que confirmer le scrutin présidentiel : la France cartésienne ne pourrait se déjuger et les Français se retrouveraient dans une sorte d’obligation morale de donner au nouveau président de la République la majorité parlementaire qui lui permettra de mettre en œuvre sa politique. Ayant élu un président de gauche, les Français ne pourraient donc qu’envoyer à l’Assemblée une majorité de parlementaires de gauche. Dès lors, pourquoi se battre et se combattre puisque le sort est scellé ?
S’il était impossible de voir surgir une cohabitation pour les élections législatives de 2002 et de 2007, le cas de figure est bien différent cette année – ou aurait pu l’être si, dans l’opposition au chef de l’Etat, la volonté avait été présente de remporter ces élections. Il faut le dire une nouvelle fois, quitte à se répéter : la France n’est pas à gauche. « La France n’est pas majoritairement à gauche », confiait François Hollande au « Nouvel Obs » en une phrase passée inaperçue juste avant le second tour (1). Le candidat socialiste n’a pas été élu sur une adhésion à un programme de gauche, il n’a pas été porté au pouvoir non plus sur le rejet d’une politique de droite ; il ne doit son élection