Elle nous a laissé à tous des souvenirs, la nostalgie des longues routes de campagne avec les amis de vacances, mais aussi les efforts et les peines lorsqu’il fallait monter une côte et que nous maîtrisions à peine les subtilités du dérailleur. Chaque année, au début de l’été, le Tour de France lui offre aussi une véritable liturgie, un peu abîmée, il est vrai, par les affaires de dopage, mais peu importe : la caravane du Tour diffuse toujours son bric-à-brac publicitaire, le temps d’attendre les courtes minutes pendant lesquelles passeront les géants de la route chantés naguère par le barde Antoine Blondin.
C’est une drôle d’histoire que celle de la bicyclette, ou du vélo, ou de la petite reine. Le plus souvent, c’est d’abord une histoire personnelle. Le premier vélo, c’est le premier véhicule qui vous rend un peu autonome. Grâce à lui, l’enfant et l’adolescent commencent à s’éloigner de leurs parents d’une façon un peu significative ; en somme, ils font l’apprentissage de la liberté.
C’est aussi une histoire de société. Utilisée à ses débuts par quelques excentriques, elle se prolétarisa bien vite en devenant aussi le premier véhicule mécanique pour les ouvriers et les employés qui n’avaient pas les moyens de s’offrir une automobile et pouvaient ainsi se rendre plus vite et à peu de frais sur leur lieu de travail. Il faut dire qu’entre-temps, l’armée, grande consommatrice de nouveautés, l’avait utilisée pour ses courriers.
L’histoire de la bicyclette offre aussi ses légendes. La première est son invention par Léonard de Vinci si l’on en croit un croquis figurant dans son Codex Atlanticus. Tout s’y trouve : deux roues, guidon, pédalier et même la chaîne ! Malheureusement, il semble bien que le croquis en question soit un simple canular.
Canular aussi que le fameux célérifère, ce deux roues à tête d’animal inventé par le comte Mede de Sivrac en 1790. Selon une imagerie tenace, incroyables et muscadins chevauchaient cette lourde machine, sorte d’immense jouet fort incommode et que l’absence de direction eût pu rendre fort dangereuse… si elle avait jamais existé. Car cet ancêtre pittoresque est sorti, ainsi que son prétendu inventeur, de l’imagination d’un journaliste nommé Baudry, fort désireux de priver le baron allemand Karl Drais von Sauerbronn de son rôle de précurseur.
Informations supplémentaires
- Publié dans le numéro : 2577
- Auteur : Jean-Michel Diard
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