Il est entendu qu’en notre époque éclairée, une certaine galanterie n’a plus droit de cité dans la sphère publique. Un homme qui se hasarderait ne serait-ce qu’à faire un compliment à une femme en tant qu’elle est une femme risquerait de passer pour un indécrottable macho anachronique, une sorte de mâle blanc paternaliste et sûr de lui qui fait grogner les Chiennes de garde. Tenir la porte à certaines femmes, leur céder la place dans le métro ou les servir avant les hommes donne presque l’impression qu’on leur crache au visage. Mais après tout, les femmes qui conchient la galanterie ont au moins le mérite de la cohérence. Si la femme est l’égale de l’homme, pourquoi mériterait-elle en effet toutes les petites attentions que ce dernier lui accorde traditionnellement ?
Pour certaines féministes, la galanterie n’est ni plus ni moins qu’une violence insoutenable qui assujettit et chosifie la femme, une ignoble stratégie de domination. Pour elles, l’égalité passe par l’absence de toute différence entre les sexes, celle-ci étant vécue comme une construction sociale héritée du passé. S’il n’existe que très peu de femmes bûcheron, ce n’est pas parce que c’est un métier qui nécessite certaines qualités physiques que l’on trouve généralement plus chez l’homme que chez la femme, mais parce que des siècles de domination mâle ont voulu nous faire croire ce bobard. Celles qui tiennent ce type de discours sont bien sûr la plupart du temps des bourgeoises frêles aux cheveux courts qui seraient incapables ne serait-ce que de soulever une hache ! Mais passons.
La police féministe étant organisée et très active, on ne trouve ainsi quasiment plus trace de « beaufs » sur les plateaux télé, du genre à faire des petites allusions grivoises et à draguer tout ce qui porte jupon, un peu comme le vieil oncle indigne des déjeuners familiaux que l’on a tous connu ; après tout qui s’en plaindrait. La chose étonnante, c’est que ce « beauf » traditionnel a été remplacé par un nouveau beauf, un beauf dans le vent, un beauf qui agit exactement de la même manière que son prédécesseur mais à qui l’on passe tout et dont on accueille les sorties salaces d’un franc sourire ému : je veux parler de l’homo-beauf magnifiquement incarné par Frédéric Mitterrand.
Son visage flasque et lippu et ses petits yeux gourmands expriment une sensualité maladive que l’ancien ministre de la Culture ne cherche plus à cacher depuis longtemps. Dans La Mauvaise Vie (Robert Laffont, 2 005), il faisait l’apologie du tourisme sexuel dans les bordels d’Asie du Sud-Est et du Maghreb et confessait, en toute connaissance de cause, que « la misère ambiante, le maquereautage généralisé, les montagnes de dollars que ça rapporte quand les gosses n’en retirent que des miettes, la drogue qui fait des ravages, les maladies » ne l’avaient jamais empêché d’y retourner. « La profusion de jeunes garçons très attrayants et immédiatement disponibles me met dans un état de désir que je n’ai plus besoin de réfréner ou d’occulter », ajoutait-il en insistant sur ces rituels « de marché aux esclaves » qui l’excitaient tant. « L’argent et le sexe, je suis au cœur de mon système », allait-il jusqu’à écrire dans un délire fascinant de transparence suicidaire. Lorsque le scandale éclatait en septembre 2009, toute la classe politique et médiatique serrait évidemment les rangs derrière lui. Profiter de la misère des gosses du tiers monde pour satisfaire ses pulsions sexuelles est considéré comme l’horreur absolue quand il s’agit d’un salaud anonyme (Allemand ventru en short de préférence) mais comme une broutille quand il s’agit d’un copain.
En vieillissant, le penchant à l’obsession sexuelle de Frédéric Mitterrand semble s’être accentué et chaque passage sur un plateau télé est désormais ponctué d’une touche graveleuse qui fait s’extasier les commentateurs et applaudir un public décérébré qui trouve que c’est vraiment « cool » d’être aussi libéré des tabous. En janvier dernier, il draguait ainsi ouvertement un Sébastien Chenu aux anges, lui réclamant même en direct son numéro de téléphone (« Vous l’avez déjà », répondait Chenu !), avant de confesser quelques semaines plus tard faire des rêves érotiques avec Manuel Valls, puis avec Emmanuel Macron, « le prochain sur la liste » de ses fantasmes, et même avec Natacha Polony, histoire d’aller plus vite vers le néant en hissant les voiles tout en actionnant la vapeur.
Le moindre sifflet d’un député à l’attention d’une femme en robe sexy fait rougir de colère l’ensemble des journalistes mais à lui, tout est permis. Réduire les corps qui l’entourent à des choses, parler de « pédés » (« Pour les pédés, Marine Le Pen, c’est Dalida »), mettre ses proies dans l’embarras, tout réduire sans retenue au sexe.
Personne pour le remettre à sa place ; personne pour le traiter de vieux pervers gâteux ; personne pour réclamer la décence : c’est le privilège de l’homo-beauf dont il faudra probablement s’habituer à voir la prolifération dans les mois et les années à venir.
AVIS IMPORTANT A NOS FIDELES LECTEURS QUI ACHETAIENT EN KIOSQUES
Pour préserver la pérennité de votre journal nous avons pris la décision de nous retirer des kiosques et magasins de presse depuis le numéro 2931 du 17 juillet 2019. Nous comprenons bien, dans un monde idéal, la liberté de l’acheteur au numéro, mais cette décision, ici et maintenant, est essentielle pour la survie du titre. Il faut VOUS ABONNER.
Par le site ou chèque à l'ordre de ASM. A envoyer à : SCI BP 20017 - 49260 MONTREUIL-BELLAY PDC 1
Vous pouvez également vous abonner par PRELEVEMENT MENSUEL pour 13 euros.
Pour cela il convient de nous envoyer votre RIB ainsi que vos coordonnées postales par mail ou par courrier.