Muckensturm était debout, hagard, couvert de sang, le couteau à la main, le monde écroulé à ses pieds. Il courut chez lui, changea de chemise, rafla tout l’argent liquide qu’il trouva et descendit au parking. Quand il sortit dans la rue au volant de sa voiture, il croisa trois véhicules de police, sirène hurlante. Il se gara pour les laisser passer, prit la direction opposée et gagna Paris. Il tira le maximum d’argent sur son compte et roula jusqu’au sud du quinzième arrondissement où il gara sa voiture. Muckensturm avait été activiste nationaliste révolutionnaire dans sa jeunesse avant de rompre à l’âge de 25 ans, le jour où il avait rencontré sa future femme. Depuis, une fois par an, il dînait avec un autre ancien militant, Michel, qui, lui, avait gardé des contacts avec le milieu. Il sonna à l’interphone.
Michel était seul dans son studio, en train de réchauffer des raviolis dans une casserole en écoutant le troisième concerto pour piano et orchestre de Beethoven. Il fit assoir Muckensturm, lui servit un verre de vin rouge que celui-ci but avant de raconter calmement son histoire. Michel l’écouta sans rien dire. Quelque chose, au cœur de ce drame, lui donnait envie de sourire mais il se contint. Par une ruse du destin, le flic légaliste syndiqué SGP-FO Thierry Muckensturm était redevenu devant ses yeux le camarade Sturm, fanatique d’entre les fanatiques. « Est-ce que tu peux m’aider ? », demanda Sturm. Michel regarda machinalement sa montre. Les flics l’identifieraient vraisemblablement avant la fin de la journée et son portrait serait dans tous les journaux du lendemain matin. Il fallait donc
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