Argentine
En annonçant lundi dernier l’expropriation de la compagnie pétrolière YPF, contrôlée par l’espagnol Repsol, la présidente argentine Cristina Kirchner a déclenché les habituels cris d’orfraie des représentants de la Banque mondiale, du FMI, des Etats-Unis et de l’Union européenne. En revanche, l’excellent géopolitologue Aymeric Chauprade (ci-dessus), présent dans le pays pour com­­mémorer la date anniversaire des 30 ans de la guerr­e des Malouines, a tenu à faire entendre un autre son de cloche dans la presse argentine : « Il faut être aveugle ou d’une grande mauvaise foi pour ne pas reconnaître que depuis que l’Argentine suit une voie protectionniste et nationaliste (comme la Russie et la Chine), elle va mille fois mieux que lorsqu’elle suivait les recettes libérales et pro-américaines du libano-argentin Menem ». Cette politique, a poursuivi l’ancien professeur à l’Ecole de guerre, est non seulement possible mais elle montre ses fruits dans de nombreux pays du monde : « Demain, dimanche 22 avril, je voterai pour cet espoir français de sortie du mondialisme. Je voterai Argentine ! » Cristina-Marine, même combat !

Grèce
Pour mieux comprendre le mal grec, le quotidien allemand « Franckfurter Allgemeine Zeintung » s’est plon­gé dans les œuvres pourtant bien oubliées au­jourd’hui de l’écrivain français Edmond About (1828-1885). Auteur de La Grèce contemporaine, ouvrage truculent qui fut l’un des plus grands succès de librairie de l’année 1854,  About dévoile un pays déjà en fâ­cheuse posture avec ses créanciers publics et privés. Acerbe et moqueur, voilà ce qu’il écrit dans un chapitre consacré aux finances : « La Grèce est le seul exemple connu d’un pays vivant en pleine banqueroute depuis le jour de sa naissance. Si la France et l’Angleterre se trouvaient seulement une année dans cette situation, on verrait des catastrophes terribles : la Grèce a vécu plus de vingt ans en paix avec la banqueroute. Tous les budgets, depuis le premier jusqu’au dernier, sont en déficit. » 150 ans plus tard, nous sommes bien partis pour rattraper la Grèce.

Suède
Le royaume de Suède est en passe de détrôner la Belgique en tant que fournisseur mondial de mauvaises bla­gues. Une femme, accessoirement ministre suédois de la culture, ayant eu la curieuse idée de se servir d’une part de gâteau pour lutter contre l’excision, a été accusée, par un étonnant retour de boomerang, de… racisme ! Il faut dire que les participants à cette « performance artistique d’art moderne » étaient invités à découper un gâteau représentant le corps d’une fem­me noire. Dépassant de la pâtisserie, la tête de l’artiste, un Suédois d’origine africaine hurlait de douleur dès qu’un invité se coupait une part… C’est ce qu’on appelle de l’art contemporain. Résultat : la porte-parole de l’association nationale afro-suédoise a dénoncé la « participation du ministre – qui riait, buvait et mangeait du gâteau – [et] a amplifié l’insulte que constituait cette manifestation pour les personnes souffrant de railleries racistes et les femmes victimes d’excision ». Réponse à inscrire en incipit du sinistre ministre : « Je n’ai rien fait de mal (…) L’artiste a voulu défier la vision occidentale romantique et exotique d’une réalité aussi violente que raciste ». On ne comprend pas tout, mais là encore, c’est de l’art : celui de la langue de bois.

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