On parle toujours du grand siècle et l’on oublie le siècle précédent. En histoire, le XVIIe éclipse le XVIe et c’est dommage. Il y a au XVIe siècle une intensité et une fraîcheur que l’on ne retrouvera pas forcément plus tard. C’est dans cette perspective que l’on peut lire le beau livre qu’Henri Pigaillem vient de consacrer aux Guises. Famille féodale d’origine princière – puisque la généalogie remonte à René 1er d’Anjou et à Yolande d’Aragon, belle-mère de Charles VII et son principal soutien avant l’entrée en scène de Jeanne d’Arc –, les Guises, dont les possessions sont traditionnellement en Lorraine, autour du comté (puis du duché) de Guise vont jouer un rôle capital pendant plusieurs générations, d’abord au service des Valois (François Ier et Henri II) puis prenant leur indépendance et se mettant au service de la cause catholique et… du roi d’Espagne. Avec le roi Henri III, personnage falot entouré de ses mignons, les affaires tournent à l’aigre. Le roi fait assassiner Henri dit le Balafré, chef de la maison de Guise et, alors que seules quelques villes lui demeurent fidèles dans tout le royaume, il est assassiné par le jeune dominicain Jacques Clément, vraisemblablement armé par les Guises. Charles de Mayenne, nouveau chef de la maison de Guise, se bat avec celui qui deviendra Henri IV. La Ligue, qu’il dirige, entend, au nom des origines princières des Guises, mettre sur le trône de France son oncle Charles, cardinal de Lorraine dit Charles X par ses partisans. Cette guerre dura presque dix ans au couchant du XVIe siècle. Henri de Navarre se serait-il converti au catholicisme sans le combat de la Ligue présidée par les Guises ?
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- Publié dans le numéro : 2556