Faut-il parler de « justice » ? En 1999 et 2000, Nina et Aurélie, deux jeunes filles âgées à l’époque de 16 ans, furent victimes pendant des mois de viols collectifs répétés, dans des caves, des cages d’escalier, ou même la cour d’une école maternelle, où des dizaines de garçons, parfois, faisaient la queue en attendant leur « tour » pour les violenter ou les sodomiser, sans parler des coups, ni d’une cigarette écrasée sur la poitrine d’une d’entre elles pour « marquer » son appartenance à la bande, comme on marque le bétail. Treize ans après les faits et sept après leur dénonciation par l’une des victimes, dix des accusés ont été acquittés et quatre condamnés à des peines allant de trois mois de prison avec sursis à un an ferme, assorti de sursis. Détail que la presse ne souligne guère, ces deux gamines étaient blanches ; hasard ou illustration du « racisme anti-blanc » qu’a récemment découvert Copé, à l’indignation de certains de ses amis politiques ? Plus encore que sur les acquittements, je m’interroge sur les peines infligées. On peut concevoir qu’en dépit des aveux d’un accusé – et sur lesquels il est revenu –, des détails qu’il a pu fournir, des dénonciations dont il a pu faire l’objet de la part de ses complices, un doute subsiste et conduise le tribunal à l’acquitter. Mais lorsque les juges condamnent quelqu’un, ils ne doutent pas de sa culpabilité : que signifie alors une peine de trois mois de sursis, ou même d’un an ferme, pour punir un crime théoriquement passible de vingt ans de détention ? L’un des accusés, Mahamadou Doucouré, était déjà sous les verrous et sera de nouveau jugé en assises en novembre, accusé de l’enlèvement de son fils et de l’assassinat de son ex-femme, frappée de 22 coups de couteau ! En 2005, c’est après avoir été une nouvelle fois agressée par cet aimable jeune homme que Nina, couverte d’ecchymoses et le nez cassé, s’était résolue, surmontant sa peur, à déposer plainte. Insultée par les accusés tout au long du procès, la jeune femme, qui affirme – comme Aurélie – avoir eu l’impression d’être considérée comme une coupable plutôt que comme une victime, conclut : « Je n’ai plus de vie et eux repartent tranquillement. En gros, dans le Code pénal, ils peuvent écrire que c’est autorisé de violer. » Ce dénouement n’a pas été du goût
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