Cécile Duflot, lasse d’entendre reprocher aux écolos d’être verts dehors et rouges dedans, a voulu leur permettre d’associer leur apparence avec leurs convictions en affichant leur vraie couleur à leur boutonnière. L’Etat socialiste lui ayant confié des sortes de pin’s rouges à distribuer, elle en a refilés à une trentaine de ses amis politiques, comme Dominique Voynet, maire de Montreuil, ou Catherine Calmet-Rebérioux, secrétaire générale du groupe Verts au conseil régional d’Ile-de-France. Stupeur : de mauvais coucheurs ont prétendu que ces brimborions décoratifs appelés Légions d’honneur n’étaient pas réservés aux copains ! Vanitas vanitatis, je trouve assez comique que ces écolos qui font profession à tous les sens du terme d’antimilitarisme, d’anti-impérialisme et d’hostilité au « système » – sans négliger d’en profiter – se ruent à la course au hochet jadis inventé par Napoléon Ier pour récompenser ses serviteurs et ses soldats.
Où le Marocain est un loup pour le Marocain. Qui dira les injustices que subissent nos compatriotes immigrés victimes du racisme ordinaire et de la discrimination en raison de leur nationalité ou de leur origine ? Dans « Le Parisien » du 4 août, Ibtissem Guerda, comédienne d’origine marocaine et native de Mantes-la-Jolie, témoigne. Elle s’est rendue « avec des amis français de souche » à un récent festival du cinéma : « Mais à l’accueil, nous avons été séparés, raconte-t-elle. Ceux qui, comme moi, avaient un nom maghrébin ont été équipés d’un bracelet de couleur différente des autres. C’est plus tard qu’on a compris à quoi servaient ces bracelets : les Français ont obtenu les meilleures places dans la salle. Nous, Français avec un nom arabe, avons été parqués au balcon. »
Que font le Mrap, la Licra, le Cran, le Club de pétanque des retraités des chemins de fer de Zanzibar ? Ben, rien ! Et ils ne peuvent pas faire grand-chose puisque le crime n’a pas été perpétré à Paris mais à Marrakech, où nos bons p’tits djeunes issus des banlieues françaises n’ont, semble-t-il, pas la cote. « Grâce à la parabole, les Marocains ont accès aux JT français ou aux reportages sur la banlieue, explique Ibtissem. Ceux qui ne nous connaissent pas ont donc forcément une image de nous qui est négative. Ils éprouvent à notre encontre la même défiance qu’un provincial qui ne connaîtrait pas la banlieue parisienne. »
Allons, me voilà rassuré ; je craignais qu’ils n’éprouvassent la même défiance que les banlieusards (immigrés compris…) qui, pour y vivre, connaissent fort bien ladite banlieue ; par exemple, comme Imane, commerçante à Saint-Denis, qui, interviewée dans le même numéro du « Parisien », dit : « C’est horrible, mais même voir les gens qui se font régulièrement dépouiller devant ma boutique est presque devenu normal. » Chut ! Les provinciaux vont encore