L’initiative populaire « Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage » commence à semer la panique en Suisse. Parce qu’une partie des femmes voilées disposent aussi d’un fort pouvoir d’achat – du moins leurs maris ? Ou parce que le pouvoir exécutif préfère les « accommodements raisonnables » à la conflictualité ?
En septembre dernier, cette initiative a dépassé les 100 000 signatures requises pour être soumise à référendum. Or, selon une méthode qui a déjà fait ses preuves, le Conseil fédéral – l’organe exécutif de la Confédération – vient de sortir de son chapeau un « contre-projet », qui a toutes les allures de celui présenté par l’UDC – le parti dit « populiste » –, mais n’en a pas du tout la saveur, et doit être soumis au Parlement, plus malléable que le peuple…
Alors que l’UDC veut, très simplement, que nul ne puisse « se dissimuler le visage dans l’espace public, ni dans les lieux accessibles au public » – à l’exception des lieux de culte –, le Conseil fédéral, explique Jean-Luc Addor, conseiller fédéral de l’UDC, « n’impose l’obligation de montrer son visage qu’aux autorités (et encore, seulement dans certains cas) ou lorsque l’identification visuelle constitue l’unique moyen, pour une autorité, d’exécuter une tâche de droit fédéral » – celles de droit cantonal ou communal y échappent –, et cela à condition que l’intéressée ne soit pas conduite… à des « efforts disproportionnés » !
Bref, un contre-projet « Canada Dry ».