Pas de manifestation ! Pas de pétition d’artistes ! Pas de « délit de solidarité » ! Pas de recours devant le tribunal ! Non, en Algérie, on ne fait pas de chichis pour expulser les clandestins. Et c’est un euphémisme que de le dire.
L’Associated Press vient de publier une enquête édifiante. Les images sont dures. On y voit une foule d’Africains marchant, plein sud, dans le désert, sans eau, cherchant à gagner une ville du Niger. Comment ils sont arrivés là ? C’est très simple. La méthode employée est connue.
Embarqués par la police dans de grandes villes de la côte méditerranéenne, les clandestins sont installés dans des bus. Direction Tamanrasset, tout au sud de l’Algérie. De là, les clandestins sont laissés pile à la frontière qui sépare l’Algérie du Niger – une de ces frontières tracées d’un coup de crayon sur une carte. Le problème, c’est que cette frontière se trouve en plein désert… Et côté nigérien, on ne se presse pas pour accueillir les citoyens de retour – forcé – au pays. Aussi, pour tous ces migrants qui se sont fait prendre par la patrouille algérienne, il faut marcher de longues heures dans le désert pour rejoindre Agadez, la grande ville la plus proche de la frontière.
Si la méthode ne fait pas dans la dentelle, elle permet des expulsions rapides. En à peine plus de huit mois, l’Algérie a expulsé pas moins de 12 000 clandestins, principalement issus du Niger avec lequel l’Algérie a signé un accord en 2014 pour le retour des immigrés, les autres venant du Mali.
Le ministre des Affaires étrangères algérien, Abdelkader Messahel, assume et balaie d’un revers de la main toutes les accusations de maltraitance : « Nous sommes très sereins parce que, ce que nous faisons, nous le faisons dans le cadre du respect de nos lois. Nous le faisons dans le cadre du respect de la dignité humaine et nous le faisons dans le cadre de la concertation avec les pays de transit. »
Et pour ce qui est de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme et des protestations élevées par diverses ONG, pour paraphraser ce qu’il a dit dans un contexte proche (voir ci-contre) : « Je ne m’intéresse pas directement à ce que les Européens peuvent dire. C’est leur affaire. »