Un seul petit conseil à Emmanuel Macron, pour assurer son avenir politique : que surtout, il ne change rien, fondamentalement, à l’Education nationale ! Qu’il ne touche pas aux méthodes d’apprentissage et qu’il multiplie les crèches et le suivi étatiste des enfants dès la maternelle, comme son programme le promet ! Il est le candidat des méthodes globales et c’est ce qui fait son succès.
Ecouter un discours de Macron se fait sans effort cérébral conscient. Le candidat de l’extrême creux a peaufiné l’art de ne rien dire en provoquant des réactions émotionnelles. En sortant de son dîner chic à la Rotonde, dimanche soir, ne revendiquait-il pas son « moment du cœur » ? Son discours de victoire n’a pas fait exception. Ponctué de regards de grand ado énamouré vers Brigitte et de clins d’œil complices vers la foule de ses supporters, il n’a rien dit. Rien.
Ah si, pardon : il a parlé d’« insigne responsabilité », d’« énergie opiniâtre », de « volonté exigeante », « bienveillante ». Et d’« engagement vibrant ». D’optimisme et d’espoir. De doutes, de colère et de peurs. De renouveau. Et même d’« énergie pour la patrie », cette France « millénaire ». Pour aller où ? Nul ne le sait et ce n’est pas important. Les téléspectateurs auront retenu des mots clefs. Il s’agissait de produire une impression positive, tout le reste étant littérature – médiocre, au demeurant.
Seul le « cerveau droit » est sollicité
Mais c’est ainsi que l’on apprend aujourd’hui à lire, par images et impressions ! C’est tout l’art de l’apprentissage global, rapide et silencieux tel qu’il se pratique dans l’immense majorité des écoles de France. En empêchant les enfants d’accéder à la lecture et au sens des phrases par la lettre, puis la syllabe, et le mot, en exigeant d’eux de lire dès les tout débuts rapidement et à voix basse, on les habitue à l’à-peu-près, on les empêche d’accéder à l’analyse, à cette petite voix qu’on devrait entendre dans sa tête quand on lit et quand on pense.
La lecture globale, couplée à la grammaire déstructurée qui sévit depuis des décennies, favorise tout ce qui relève du « cerveau droit » : l’émotion, l’analogie, l’imitation, les grands ensembles, le sentiment d’appartenance. Focalisé sur quelques mots clefs, l’électeur formaté réagit aux tripes. Macron est fait – il a été fabriqué – pour lui et il est fait pour Macron. On ne saurait expliquer autrement la réussite de cet ectoplasme porté par les médias…
Non, il n’a pas besoin d’annoncer des décisions concrètes. Cela ne gêne personne qu’il découvre son programme au fur et à mesure qu’il déclame les discours écrits par ses nègres ou ses commanditaires. Dimanche soir, il a fait l’essentiel : évitant comme la peste la moindre annonce concrète, il a fait jouer la corde collective et l’esprit de tribu, flattant le nombrilisme contemporain : « Cela vous ressemble, cela nous ressemble… » « Restez les courageux exigeants que vous êtes… » « Je ne serai jamais loin de vous… » « Vous l’avez fait ! »
Barack Obama savait faire la même chose : parler pendant une heure sans que personne ne réussisse à retenir les points forts de sa harangue, mais les gens en sortaient réchauffés, comme d’un cocon douillet. Et Barack, ne l’oublions pas, a tenu huit ans à la Maison Blanche…
Vers une politique d’idéologue globaliste
Est-ce à dire qu’Emmanuel Macron ne fera rien ? Non, comme Obama, il a toutes les cartes en main pour faire une politique d’idéologue lorsque, sauf miracle jamais impossible, des années de décervelage scolaire auront porté une majorité d’électeurs à le propulser à l’Elysée. Une politique d’idéologue globaliste.
S’il est difficile d’obtenir une parole claire d’Emmanuel Macron, le gourou télévangéliste, on sait qu’il veut renforcer l’UE pour en faire une Nouvelle Union européenne, céder la souveraineté militaire de la France à un QG bruxellois et mettre en place un ministre de l’Economie et des Finances tout aussi européen, accueillir les réfugiés, éclater un peu plus la cellule familiale à travers l’imposition séparée du mari et de la femme. Il ne rompt pas avec l’établissement, il le représente, il l’est.
Macron, plus que tout autre, est le chantre du globalisme à travers la lutte contre le « réchauffement » – pardon, on dit « changement » depuis qu’il fait froid – climatique. Il fera de la mise en œuvre de la COP 21, l’accord de Paris, la priorité de la politique française et de « notre action internationale ». Au-delà de ses partis pris de laïcité, du refus des dogmes parfaitement maçonnique – et de son macronisme vide, Macron incarne le plan de l’ONU pour le monde avec ses objectifs du développement durable qui cherchent à égaliser le monde dans une même idolâtrie de la planète.
Macron taxera le carbone et le diesel, il fermera les usines à charbon et dépensera des milliards dans les éoliennes, encore plus, toujours plus, mais ce n’est pas le plus grave. Il soumettra la France à une « croissance choisie », comme il l’a dit au World Wildlife Fund, pour en finir avec « les inégalités spatiales, géographiques, climatiques, potentiellement mortelles » – mais attention, au niveau du globe. Il parle de sa « vie d’avant ». Macron est un converti qui croit que la planète a fait l’homme. Il croit que « la politique est une magie ». « Je ne sépare pas Dieu du reste. Je fais le lien entre la transcendance et l’immanence », dit-il. C’est cela aussi, son globalisme : la confusion du sujet et de l’objet. La spiritualité et la conscience globales. Un bien dangereux credo.
Jeanne Smits