Bobo, métro, dodo. Anne Hidalgo et son équipe à la mairie de Paris ont, depuis quelque temps déjà, déclaré la guerre aux bagnoles à Paris. But du jeu : nettoyer la capitale de ces sources de pollution présumées. Et en interdire l’accès aux pauvres ?
Le maire de Paris souhaite « diviser par deux le nombre de voitures polluantes » en actionnant « tous les leviers », et poursuit sa politique d’éradication de la voiture, au bénéfice, paraît-il, des piétons et des vélos. Youpi. Anne et ses adjoints semblent toutefois oublier que la capitale française n’est pas seulement destinée à l’épanouissement de quelques écolos dorés sur tranche.
Déjà, la précédente initiative de la municipalité socialiste – la fermeture des voies sur berges à la circulation – a porté les fruits que l’on pouvait logiquement en attendre, à savoir l’engorgement des artères principales de la capitale. Il n’est pas nécessaire d’avoir fait l’ENA pour en conclure que la pollution s’en est accrue. Au mois d’août dernier, une commission d’enquête publique avait d’ailleurs rendu un avis (consultatif) indiquant, d’une part, que « l’étude d’impact ne [permettait] pas d’établir la réalité de la réduction de la pollution automobile » engendrée par cette mesure, puisque les trois quarts des véhicules concernés se reporteraient sur sept arrondissements, et, d’autre part, que la fermeture des voies sur berge aurait un effet négatif sur l’activité économique, non seulement des artisans mais aussi des banlieusards travaillant à Paris.
D’abord régler « l’urgence médiatique »
Madame le maire s’était toutefois assise sur l’avis de la commission en faisant valoir qu’il résonnait « comme un déni complet de l’urgence médiatique » (sic) et ne tenait « pas non plus compte des motifs environnementaux, sanitaires, urbains et culturels qui sont à l’origine de ce projet ». Autrement dit, des impératifs de com’ et des partis pris idéologiques de la municipalité parisienne…
Au vrai, cette interdiction des quais ne pouvait être qu’une étape d’une politique plus globale d’éradication de l’automobile à Paris. A terme, la municipalité parisienne voudrait faire de Paris une ville piétonne, cycliste à la rigueur.
L’étape suivante est donc engagée : Paris devient une « zone à circulation restreinte », à laquelle les véhicules n’auront accès qu’en fonction d’une vignette Crit’Air (on appréciera la finesse du jeu de mot), dont les couleurs et les numéros permettront d’identifier les automobilistes pollueurs, qui seront interdits de circulation en fonction des taux de pollution. Et pour bien faire, le tarif des contredanses en cas de non-paiement du stationnement (déjà rare et cher) sera augmenté.
Sur RTL, Yves Calvi posait, lundi matin, une question intéressante à l’adjoint écolo (EELV) du maire de Paris chargé des transports, des déplacements, de la voirie et de l’espace public (ouf), Christophe Najdovski, dont on ne sait par quel moyen de transport son paternel est arrivé de Macédoine : on vous accuse, disait l’animateur, de vouloir « privatiser Paris » et exclure les classes populaires qui vivent en banlieue.
Boutons le populo hors de nos quartiers chics ! Salauds de pauvres…
La réponse du vert bobo a été à la hauteur de ce que l’on pouvait espérer : « On a des aides financières à destination des professionnels et des particuliers pour qu’ils puissent passer aux véhicules propres. » Chic alors ! Toute la Seine-Saint-Denis va pouvoir se refaire le parc automobile aux frais des contribuables parisiens… Demain on roule gratis !
Ceux qui n’en profiteront pas n’auront qu’à prendre les Vélib’ et les Autolib’, petits véhicules que la mairie de Paris met obligeamment à la disposition des Parisiens à l’intérieur de la ville et dans quelques communes proches. Au fait, combien dénombre-t-on d’Autolib’ ? 3 980 au mois de juillet dernier, dont 10 % étaient hors service. C’est avec ça que Najdovski compte remplacer les centaines de milliers de voitures qui, venues de banlieues proches ou lointaines – en affrontant des kilomètres d’embouteillages, probablement par pur plaisir – transitent chaque jour par la capitale ?
« Va bosser ! »
« Ben j’peux pas… »
Ceux-là n’auront qu’à se garer à la périphérie de la ville et emprunter les transports en commun, répondent nos écolo-socialos. Se garer où ? Mais sur les parkings relais, bien sûr ! Il en existe bien un à Bagnolet, un à Saint-Denis… Combien y casera-t-on des dizaines de milliers de voitures ? Et comment les transports en commun, déjà surchargés, prendront-ils en charge des dizaines de milliers de voyageurs supplémentaires ? Ce sont les mystères de la mairie de Paris, auxquels Eugène Sue n’avait pas songé.
Quant aux transports en commun, nous invitons Anne Hidalgo, son adjoint Najdovski et leurs copains à les essayer, incognito, à l’heure de pointe, par exemple sur la ligne Paris-Melun à 18 heures, pendant une semaine pour être sûrs de pouvoir goûter, en plus du plaisir de rester debout collés les uns contre les autres pendant plus d’une demi-heure, aux joies des retards indéterminés qui font les délices de la SNCF. Et cette ligne est loin d’être la pire !
Tout cela, les idéologues de la mairie de Paris n’y ont pas pensé, comme le montre la réponse de Najdovski à Yves Calvi concernant les horaires pendant lesquels les voitures estimées les plus polluantes – celles dont les propriétaires n’ont pas eu les moyens de se payer le dernier modèle de Porsche – ne seront pas autorisées à circuler : l’interdiction ne sera appliquée qu’entre 8 heures et 20 heures. Autrement dit, pendant les horaires de boulot. En revanche, si vous voulez vous offrir une soirée au théâtre des Bouffes-Parisiens pour y rencontrer Hollande, pas de problème ! Heureux veinards !
Henri Langeau