Les soldats français qui patrouillent sur le territoire français n’ont même pas les moyens d’assurer leur propre sécurité ! Emanant de « simples racailles » ou de musulmans « radicalisés », les agressions contre les militaires se multiplient. Qui va protéger… les militaires de l’Opération Sentinelle ?
Interdiction de se rendre au travail en uniforme, sauf si on se déplace en voiture ; interdiction de se promener en ville avec un sac militaire : depuis les attentats de janvier et de novembre 2015, nos soldats sont priés de se faire discrets jusque devant leurs propres casernes. Pourquoi ? Parce que les militaires sont, tous, des cibles potentielles sur le territoire français ! Parce que les agressions contre des soldats, qu’ils soient en tenue ou en civil, se font de plus en plus régulières et de plus en plus violentes : Toulouse, Carcassonne, Paris, etc. La liste, non exhaustive, que nous publions ci-contre est déjà impressionnante : des lynchages, des agressions au cutter, des tirs d’armes à feu, etc. On est loin de la bagarre d’ivrognes de villes de garnison, entre locaux et militaires en goguette…
L’égorgeur de La Défense n’a pas été jugé
Le point commun entre toutes ces récentes agressions ? A l’image des trois parachutistes assassinés froidement par Mohammed Merah à Toulouse et à Montauban, en mars 2012, les militaires ont été attaqués parce que militaires. « Tu tues mes frères, je te tue », avait résumé Merah. A travers chaque militaire agressé, c’est l’intervention de la France en Afghanistan, au Mali ou en Irak qui est visée.
Parmi les dernières affaires en date, celle de Clermont-Ferrand montre bien que les soldats sont désormais considérés comme des cibles de choix. Le 5 avril, dans la capitale auvergnate, avenue de l’Union soviétique – ça ne s’invente pas ! –, deux soldats du 92e régiment d’infanterie, en civil, sont agressés par une bande de huit « jeunes » comme on dit. « L’agression a dû être violente, écrit “La Montagne“, puisque le pronostic vital de l’un d’entre eux est engagé. Le second est grièvement blessé. »
Le lendemain, le même quotidien s’interroge : « Leur qualité de militaire était-elle connue de leurs agresseurs » ? Aujourd’hui, on le sait, la réponse était oui. Dans les portables des racailles, les enquêteurs ont découvert des images d’agressions similaires. Oui, ces deux soldats ont été pris à partie parce qu’ils étaient soldats… C’est pour cela, et pour cela uniquement, qu’ils « ont été passés à tabac et dépouillés de leurs effets personnels : portefeuilles, téléphones portables, clés… »
Le motif reste le même quand des militaires en patrouille sont pris à partie. Dans ce domaine, l’année 2016 a d’ailleurs bien mal commencé puisque le 1er janvier dernier, une voiture fonçait délibérément, sur fond de « Allah Akbar », sur quatre soldats de garde devant une mosquée, forcément calme et modérée, de Valence. Le chauffeur, Aaouf El Ayeb, a avoué, selon les termes de son avocat, « avoir voulu attaquer les militaires car ils symbolisent à [ses] yeux l’action de la France contre l’Etat islamique ».
Des documents djihadistes seront retrouvés sur son ordinateur et l’homme avouera ne reconnaître que la justice d’Allah. C’est dire si les choses sont claires… Cette affaire de Valence est assez symptomatique. C’est une des rares fois où des militaires ont répliqué en tirant sur leur agresseur. Un tir qui a permis de le blesser, de l’interpeller et de le remettre à la justice… qui n’a pas considéré que son acte relevait du terrorisme !
Et si Ségolène Royal avait eu raison ?
Car la justice est bonne fille face à ces salopards. En novembre dernier, elle a déclaré que Alexandre Dhaussy était pénalement irresponsable et ne pouvait donc être jugé. Ce djihadiste aurait une personnalité « de structure psychotique ». En 2013, ce jeune homme converti à l’islam et connu pour sa « radicalisation », avait poignardé un militaire dans le quartier de La Défense après avoir accompli sa prière. « Attitude paranoïaque » a estimé une majorité d’experts, lui épargnant ainsi la cour d’assises…
Ces attaques de militaires en armes, justement mobilisés pour assurer la sécurité des Français dans le cadre de l’opération Sentinelle, restent cependant assez incompréhensibles. Comment peut-on en effet s’attaquer à l’arme blanche à un soldat armé d’un fusil d’assaut et parvenir à le blesser ? Celui-ci est bien fourni en munitions. Alors pourquoi le soldat ne réplique-t-il pas ? En a-t-il l’autorisation ? Visiblement oui, puisque cela a été le cas à Valence et que nous sommes dans des cas classiques de légitime défense. En a-t-il la possibilité ? Que risque-t-il, s’il tire et abat celui qui veut le tuer ou le blesser ?
Autant de questions qui restent à ce jour sans réponse et au sujet desquelles le ministère de la Défense reste particulièrement discret, comme s’il importait avant tout de ne pas informer les Français des règles d’une Opération Sentinelle qui ressemble de plus en plus à une opération de communication et ne permet de neutraliser les djihadistes que si ceux-ci sont moins costauds et moins agiles que les militaires attaqués – ce qui n’avait pas non plus été le cas en février 2015 à Nice lorsque trois militaires en faction devant le consistoire israélite avaient été blessés par un individu connu de la DGSI et muni d’une seule arme blanche… Quant aux militaires eux-mêmes, on peut expliquer, sans toutefois comprendre, leur réticence à faire usage de leurs armes, s’ils doivent risquer, à chaque fois qu’ils ouvrent le feu sur un assaillant, plaintes et procès…
Faut-il alors protéger ceux qui nous protègent ? En 2007, lors du débat d’entre deux tours de l’élection présidentielle, Ségolène Royal avait promis qu’en cas de victoire, les femmes policiers seraient « raccompagnées à leur domicile lorsqu’elles sortent tardivement des commissariats de police ». Elle faisait alors allusion à une policière violée en pleine nuit en sortant du travail. La mesure avait été largement moquée. Aujourd’hui, dans les états-majors, le sujet ne fait plus rire. Mais là, on ne voit pas qui on peut envoyer pour protéger les militaires…
Jean Masson