Lorsque, en août 2009, il avait été nommé « référent UMP facs Sorbonne », le site des Jeunes Populaires avait titré sur « Le Camerounais Stéphane Tiki », titre repris avec fierté sur le site du « Journal du Cameroun ». Le mois dernier, rebelote. La presse française titre sur le « Franco-Camerounais », et la presse camerounaise sur « le Camerounais » Stéphane Tiki.
En effet, Stéphane Tiki a grandi à Yaoundé, la capitale du Cameroun, et n'est arrivé en France qu'en 2005, accompagné de sa petite sœur, pour y poursuivre ses études. En 2007, il s'engageait à l'UMP, séduit par Nicolas Sarkozy, et depuis, son ascension a été continue – une ascension due à son travail prend-il soin de nous préciser à plusieurs reprises.
Mais on a beau chercher, on ne trouve nulle part mention de sa naturalisation. Sa désignation ayant eu lieu en présence de Nicolas Sarkozy, qui l’a validée et en a informé la presse par communiqué daté du 17 décembre, on se dit que le président de l’UMP n’a tout de même pas nommé un Camerounais à la tête de l’organisation de jeunesse du grand parti de la droite… française. Si ?
« Vous n'en parlerez pas, hein, d'accord ? »
De son engagement à l’UMP, Stéphane Tiki nous parle aisément. Il veut œuvrer pour la France « comme républicain ». Et aussi comme Français ? Là, on sent bien que ça coince. Alors que nous allons lui demander à plusieurs reprises quelle est sa nationalité, il emploie tous les subterfuges possibles pour ne pas répondre. Extrait :
« Mais donc vous, vous êtes camerounais ? »
« Non mais je ne crois pas que ce soit la question. »
« Vous avez été naturalisé ? »
« Non mais ce n'est pas le débat… »
« Nous ne voudrions surtout pas faire preuve d'imprécision dans notre article… »
L’argument ne portera pas davantage…
Manifestement très ennuyé par nos questions, Stéphane Tiki va même passer les dernières minutes de notre entretien à nous réclamer avec insistance de ne pas évoquer son « parcours personnel », évoquant sa famille au Cameroun sans qu'on comprenne quel serait le problème qu’ils apprennent qu’il a gardé la nationalité de sa patrie, et ajoutant : « Je n'ai pas envie qu’on fasse de débat là-dessus. »
Cela pourrait quand même intéresser les Français de savoir si le président des Jeunes Populaires est français, ne serait-ce qu'à moitié, non ? Ça pourrait même intéresser tout particulièrement les électeurs de l'UMP, ainsi que les cadres du parti, dont on est prêt à parier qu’il ne sont pas plus au fait que nous de la situation de leur nouveau poulain.
Un indice peut-être : présenté comme l'un des piliers de la campagne de Rachida Dati dans le VIIe arrondissement de Paris en 2008 et, en 2013, comme « l’atout jeune » de celle-ci, il ne figurait pas parmi les quatorze candidats de la liste menée par l'ancien ministre aux élections municipales de mars 2014. Il avait pourtant confié quelques mois avant que « si son maire [avait] besoin de lui pour faire partie d’une liste aux municipales 2014, il en serait ravi ».
Hélas, Rachida Dati, dont il est toujours proche, ne l’a pas appelé. Parce qu'il ne remplissait pas toutes les qualités pour être candidat et notamment la principale : être français ou ressortissant d’un pays de l’Union européenne ?
(article paru dans Minute 2701 paru le 7 janvier 2015)
Marc Bertric