Pour avoir dit ce qu’il pensait des footballeurs africains, Willy Sagnol, entraîneur des Girondins de Bordeaux, a été taxé de racisme. Les Africains doivent pourtant reconnaître que leur football et leurs footballeurs doivent beaucoup à la France et à ses entraîneurs. Et admettre que toutes les vérités sont bonnes à dire.
Ancien joueur de l’équipe de France, sélectionneur de l’équipe de France Espoirs lors de la saison 2013-2014 et actuel entraîneur des Girondins de Bordeaux, Willy Sagnol est un homme connu pour son franc-parler. Ainsi le 3 novembre, invité par le journal « Sud-Ouest » à dialoguer avec des lecteurs, il a clairement dit ce qu’il pensait des joueurs noirs : « L’avantage du joueur typique africain, c’est un joueur pas cher quand on le prend, prêt au combat généralement, qu’on peut qualifier de puissant sur un terrain. Mais le foot ce n’est pas que ça. Le foot, c’est aussi de la technique, de l’intelligence, de la discipline. Il faut de tout. »
Aussitôt, ces propos ont provoqué la bronca des antiracistes de service. Le Parti socialiste a même réclamé que l’entraîneur bordelais soit sévèrement sanctionné ! Pourtant Sagnol dit la vérité. Une vérité qui échappe à ceux qui ne connaissent rien au football.
L’Afrique aime les « sorciers blancs »
Car lorsque Sagnol avance implicitement que l’Africain manque d’intelligence et de discipline, il ne parle pas du QI et du cerveau du joueur mais fait référence à ce qu’on appelle l’« intelligence tactique ». Or c’est un fait : quand un jeune joueur africain arrive dans un club français, il a toujours du mal à assimiler les systèmes de jeu mis en place. Et ce n’est pas parce qu’il serait idiot, mais tout bêtement parce qu’en Afrique, il n’a bénéficié d’aucune formation lui inculquant les subtilités tactiques du jeu de football. C’est un défaut de culture. C’est aussi simple que cela, et les Africains sont les premiers à admettre qu’ils manquent de formateurs de haut niveau et de maîtres tacticiens pour développer ce sens du jeu qui fait la différence au plus haut niveau.
La preuve par neuf ? Lors de la dernière Coupe d’Afrique des nations, organisée en Afrique du Sud du 19 janvier au 10 février 2013, sur les 16 équipes qualifiées, 9 étaient dirigées par des entraîneurs non africains.
Et outre un Uruguayen et un Belge, on trouvait sept Français : Didier Six (Togo), Claude Le Roy (Congo), Sabri Lamouchi (Côte d’Ivoire), Patrice Carteron (Mali), Hervé Renard (Zambie), plus le franco-allemand Gernot Rohr pour le Niger et le franco-bosnien Vahid Halilhodzic pour l’Algérie. Sur le continent noir, on les appelle les « sorciers blancs ». Et quand on sait le respect qu’en Afrique inspirent les sorciers, on mesure la cote dont jouissent les techniciens français.
Des caisses noires dans le foot africain ?
Lors de son intervention, Willy Sagnol a également cerné un gros point noir : « Tant que je serai entraîneur des Girondins, il y aura beaucoup moins de joueurs africains qui rejoindront les rangs de Bordeaux parce que je n’ai pas envie de me retrouver avec douze joueurs qui, une fois tous les deux ans, se barrent pendant deux mois. »
Ces joueurs ne se barrent pas en vacances… Sagnol fait référence à la CAN, la Coupe d’Afrique des nations, compétition organisée tous les deux ans en janvier et février. A cette occasion, les joueurs africains qui évoluent en France désertent leurs clubs (qui continuent cependant à les payer) pour aller en Afrique défendre les couleurs de leurs pays… Rien à dire : les règlements internationaux imposent aux clubs de mettre les joueurs à la disposition de leurs sélections nationales.
Le problème, c’est que la CAN revient tous les deux ans (alors que par exemple le championnat d’Europe des nations n’a lieu que tous les quatre ans, et en juin, quand les clubs ont terminé leurs championnats nationaux). Alors pourquoi la CAN a-t-elle une fréquence aussi « fréquente » ? Officiellement, ce serait pour que le foot africain se développe plus rapidement. Officieusement, cela serait une affaire de gros sous, au profit de l’organisateur, la CAF, la Confédération africaine de football.
En mars 2013, dans un entretien accordé au magazine « Jeune Afrique », Joseph-Antoine Bell – voir encadré page 6 – (ancien gardien de but camerounais qui, dans les années 1980-1990, a gardé les buts de Marseille, Bordeaux et Saint-Étienne), réclamait à ce sujet plus de transparence et s’interrogeait sur d’éventuelles caisses noires : « Pourquoi ne demande-t-on pas combien coûte et combien rapporte une phase finale de CAN, et où va l’argent ? Partout ailleurs, on le demande, mais pas en Afrique. Il y a une surprenante indulgence vis-à-vis de l’Afrique. […] Il faut pourtant traiter l’Afrique comme les autres continents. Mais de la part de la CAF, je n’attends rien. Un système est en place, il faudra sans doute attendre longtemps avant de voir les choses bouger. »
Diouf, un Pape de mauvaise foi
Quand Sagnol critique la CAN, il n’a donc pas tort. Il y en a pourtant un qui n’a pas digéré le discours tenu par l’entraîneur bordelais. Dans le journal « Le Monde », il s’est offert une tribune pour vomir sur la France et Sagnol : « Dans la France d’aujourd’hui, la parole dite libérée et l’attitude de plus en plus désinvolte ou franchement provocante sont les prétextes nouveaux autour desquels les refoulés et les embusqués de l’idéologie brune s’agitent et jettent le masque. En quoi, par conséquent, la sortie de Willy Sagnol étonne-t-elle ? ». C’est signé « Pape Diouf, ancien président de l’Olympique de Marseille ».
A ce titre d’ex-président, Pape Diouf s’attache comme une moule à son rocher. Diouf a effectivement été nommé président de l’OM en 2005, par le propriétaire du club, le richissime homme d’affaires Robert Louis-Dreyfus. Le premier président noir de l’histoire du foot français ! Et pour Pape, à ce moment-là, il n’y avait aucun nuage dans le ciel bleu du foot français.
Ainsi dans De but en blanc, un livre d’entretien publié en mars 2009, à la question de savoir s’il avait été personnellement victime du racisme, il répondait par la négative : « Très honnêtement, non ! […] Non, je ne pense pas avoir jamais subi d’attaques de cette nature. »
Mais en juin 2009, il était viré de la présidence de l’OM par Louis-Dreyfus, qui lui reprochait de ne pas respecter le « fonctionnement normal et la discipline d’une entreprise ». Et depuis cette éviction, qu’il estime être le fruit d’un noir complot, Diouf voit des racistes partout.
Diouf et ses perles noires
A chaque fois que l’occasion se présente, il répète que « le football français est raciste ». Il s’est donc jeté sur l’affaire Sagnol comme la misère sur le pauvre monde. Et dans sa tribune publiée dans « Le Monde », il invite les Africains à faire la grève du ballon rond : « Que tous les joueurs issus d’Afrique se donnent le mot et décident de ne pas prendre part à une prochaine journée de championnat. »
Car pour lui, les propos de Sagnol sont « une insulte subie par une frange importante de ceux qui font aussi la compétition en France ». Quand il parle de frange importante, il n’a pas tort, car sur les quelque 550 joueurs que compte le championnat de France, 20 % sont des Africains (sans compter les binationaux) ! Quelque part ils constituent une « richesse ». Diouf est bien placé pour le savoir… Car il a eu une vie avant l’OM.
Né en 1951 au Tchad, il arrive à Marseille à l’âge de 18 ans et, après quelques petits boulots, il entre comme journaliste sportif au quotidien communiste « La Marseillaise ». Mais c’est en 1988 qu’il trouve le bon filon : il devient agent de joueurs.
L’agent est au foot ce que l’imprésario est au cinéma : le gars qui empoche un pourcentage sur les contrats signés par les acteurs. Et Diouf est un agent avisé qui se spécialise dans le joueur africain, avec sous contrat les perles noires les plus précieuses : Basile Boli, Marcel Desailly, Didier Drogba… Il ne faudrait alors pas oublier que Desailly, né au Ghana, a été formé par le FC Nantes, ou que Boli et Drogba, nés en Côte d’Ivoire, ont respectivement été formés à l’AJ Auxerre et au Le Mans FC…
Diouf doit ainsi sa promotion sociale à des joueurs africains dont la France a assuré la formation. Comme l’a dit un jour Bernard Tapie à propos de Diouf, « c’est le communiste qui a le mieux saisi les règles du capitalisme ».
Pierre Tanger