Briguer la présidence de l’UDI n’est visiblement pas de tout repos. Yves Jego en fait l’expérience. Il y a ce qui est sorti dans la presse… et ce qui pend au nez – enfin, façon de parler… – de ce défenseur du « mariage pour tous ».
Les temps sont durs pour Yves Jego. En pleine campagne pour la présidence de l’UDI, les ennuis s’accumulent pour le député-maire de Montereau en Seine-et-Marne, qui voulait succéder à Jean-Louis Borloo à la tête de la formation de centre droit. Son parti, le Parti radical, désormais présidé par Laurent Hénart, ne lui a pas apporté son soutien. Hénart penche pour Jean-Christophe Lagarde tandis que Patrice Gassenbach, président radical de l’UDI Paris, soutient Hervé Morin (à tel point que Mme Jego, déléguée départementale de l’UDI par la grâce de son mari, a démissionné récemment de cette fonction…).
Et Chantal Jouanno, avec qui Jego avait constitué un « ticket » que les deux anciens ministres de Nicolas Sarkozy espéraient gagnant, n’a pas pu obtenir une présidence de commission au Sénat suite à un logique veto de l’UMP qui a préféré faire élire un proche d’Hervé Morin, le sénateur Hervé Maurey. Jouanno, élue sous l’étiquette UMP en 2011, s’était empressée de rejoindre l’UDI dès sa création en 2 012.
L’enquête sur Bygmalion élargie à l’UDI ?
Yves Jego a cependant été vu à plusieurs reprises au Sénat ces dernières semaines, notamment aux côtés de son ancien conseiller spécial au ministère de l’Outre-Mer (en 2008-2009), Romain Mouton, qui a par la suite travaillé pour Bygmalion (au moins de 2011 à 2013). Comme le révélait la « Lettre A » en juillet dernier, Jego a fait embaucher un autre ancien de Bygmalion, Vincent Ferrer, pour Pro-France, sa structure associative dédiée au « made in France ». Il y succède comme secrétaire général à Audrey Canestrier, un ancien cadre du très droitier syndicat UNI passé ensuite par le cabinet de Valérie Pécresse. Ferrer a travaillé pour Bygmalion en 2 011.
« Avant le scandale qui a touché l’UMP au printemps dernier, on entendait souvent parler en bien de Bygmalion par Yves Jego, par son collaborateur James Cheron et même par Borloo », nous confie un cadre de l’UDI soutenant la candidature d’Hervé Morin à la présidence de l’UDI. Ce serait amusant de savoir si l’UDI a eu effectivement recours aux services de la société de Bastien Millot et de Guy Alvès… Par exemple pour les dernières élections européennes menées conjointement avec le MoDem… Pas sûr que cela plairait aux anciens adhérents de l’UMP qui avaient rejoint l’UDI en pensant qu’il serait plus « propre » que son grand frère…
Rappelons qu’Yves Jego a débuté sa carrière au service d’hommes politiques RPR rattrapés par les affaires, même s’ils sont aujourd’hui à nouveau élus : Xavier Dugoin, président du conseil général de l’Essonne pour qui il a travaillé de 1989 à 1992, et Jean-François Mancel, dont il a été le directeur de cabinet de 1992 à 1998 au conseil général de l’Oise. En 1998 d’ailleurs, les contacts pris localement par Mancel avec le Front national ne semblaient pas déranger Jego, lui qui est maintenant si prompt à dénoncer d’hypothétiques convergences entre UMP et FN.
Grand admirateur de Napoléon (à qui il veut consacrer un parc à thème) et formé au RPR, Yves Jego n’a pas vraiment d’appétences centristes au départ. Une seule chose va le rapprocher de l’UDI : il y trouve plus d’amis pour partager son engouement pour l’ouverture du mariage civil aux homosexuels. Pourtant l’adhérent du très laïcard Parti radical, celui qui critique la position de l’Eglise sur le mariage des homosexuels, a scolarisé ses enfants dans un établissement catholique très connu du XVIe arrondissement de Paris (Saint-Jean-de-Passy pour ne pas le nommer).
Jeunes amis, venez chez Jego, c’est « open bar » !
« Le Parisien » du 13 octobre, lui, nous révèle l’ouverture d’une enquête judiciaire pour enrichissement personnel à l’encontre d’Yves Jego. La Commission pour la transparence financière de la vie politique a transmis un dossier au parquet le concernant. Le parquet confirme la chose.
On reproche à Jego au moins 300 000 euros d’enrichissement inexpliqué via une petite maison d’édition, nommée Timée, comme on s’y interroge sur l’achat avec son épouse sans apport personnel d’un grand appartement à Paris pour 1,2 million d’euros. De quoi l’obliger à rembourser 7 000 ou 8 000 euros par mois. Las, ils ont dû revendre l’appartement en 2010…
Est-ce pour répondre à ces besoins d’argent et ces difficultés de logement qu’en mars dernier Jego a placé son épouse légitime comme conseillère de Paris, soit le moyen d’obtenir des indemnités de plus de 3 000 euros nets pour être dans l’opposition ? Pas si sûr.
« Si Jego a besoin de mètres carrés chez lui, c’est qu’il n’hésite jamais à héberger un jeune collaborateur le soir si une réunion s’est éternisée à l’Assemblée ou au siège de l’UDI », rigole notre source UDI. Notre homme à en effet la réputation d’être accueillant et même aux petits soins pour ceux qui l’épaulent. « Cheron et Mouton peuvent en témoigner ! » conclut notre interlocuteur.
Yves Jego a beau jeu d’hurler au complot médiatique à son égard.
Mener grand train en politique devient dangereux. Evidemment, la révélation a lieu à la veille de la clôture du scrutin interne de l’UDI qui s’achève le 14 octobre… Si vous ne saviez pas pour qui voter, « Minute » avoue sa préférence pour la candidature de Jean-Christophe Fromantin, le député maire de Neuilly clairement opposé au mariage homosexuel.
Lionel Humbert