«Haine hebdo a encore frappé. Le couple “Minute” – “Valeurs actuelles”, qui forme désormais, sous des espèces quasi jumelles, le journal à deux têtes de la xénophobie française, a trouvé un nouveau bouc émissaire : une jeune femme honorable dont le seul tort est d’être à la fois ministre et musulmane d’origine. »
Ainsi commence l’éditorial de Laurent Joffrin, directeur de « Libération », qui appelle à la « vigilance » car les idées portées par « Minute » sont en train de « contaminer » toute la « droite républicaine ». « Attaquer une femme politique sur le seul crime d’être née ailleurs, poursuit-il, […] c’est une attaque raciste caractérisée. »
Primo : on n’a pas souvenir d’avoir jamais reproché à Valéry Giscard d’Estaing d’être « né ailleurs » – en l’occurrence à Coblence –, ni à François Couteil, qui n’est certes pas une femme politique mais un éditorialiste de talent – il signe chaque semaine le Charivari dans « Minute » – d’être né à Alger ! Etant partisans du droit du sang, et non pas du droit du sol, le lieu de naissance de chacun nous importe peu.
Secundo : le « tort » de Najat Vallaud-Belkacem, comme dit Joffrin, est d’être franco-marocaine. Donc marocaine. Ce qui nous paraît incompatible avec l’exercice d’une fonction ministérielle (et cela était valable dans ses responsabilités antérieures).
Si Laurent Joffrin avait pris la peine de lire « Minute » au lieu de s’arrêter à la Une – ce qu’ont fait plusieurs de ses collaborateurs –, il aurait découvert, entre autres choses, que Najat Vallaud-Belkacem a siégé durant au moins quatre ans au Conseil de la communauté marocaine à l’étranger, CCME qui a « en outre pour mission d’émettre des avis en vue de veiller à la défense des intérêts des Marocain(e)s de l’étranger à l’intérieur et à l’extérieur du Maroc ».
Ceux-ci n’étant pas forcément compatibles avec les intérêts de la France – c’est une litote… –, nous maintenons le terme de « provocation ».
« Minute »