En 1973, Roland Agret fut condamné à 15 ans de prison pour un meurtre qu’il n’avait pas commis. Bien qu’ayant, en 1977, obtenu pour raison médicale une grâce accordée par le président Valéry Giscard d’Estaing, il se battit alors pour prouver son innocence, rétablir son honneur et obtenir un procès en révision. Pour prouver sa détermination, il ira jusqu’à se couper deux doigts, qu’il adressera au ministre de la Justice ! Cela finira par payer. En 1985 Roland Agret fut enfin rejugé, innocenté et réhabilité. Il est ainsi devenu une figure historique de l’erreur judiciaire.
Depuis, il a créé une association, Action Justice (1), destinée à aider les personnes s’estimant injustement accusées ou condamnées… Et le 16 août, sur son blog personnel hébergé par « Le Monde » (2), il a publié un billet au vitriol titré « Luc Tangorre : la vilaine vie… », pour dire ce qu’il pensait de Luc Tangorre et de ses soutiens, une affaire dont il n’avait jusqu’alors jamais parlé.
Roland Agret rapporte qu’après sa première condamnation en 1983, Luc Tangorre l’avait sollicité pour l’aider à prouver sa soi-disant innocence : « Le condamné me harcelait épistolairement de sa prison, osant m’écrire “Agret/Tangorre même combat”. Ce qui me hérissait, vous ne pouvez même pas vous imaginer à quel point ! »
Toutefois, aidé par sa compagne Marie-Jo, il décidait de mener des investigations pour se forger sa propre opinion. Et rapidement il comprenait que l’« innocence » de Tangorre n’était qu’un leurre destiné à abuser l’opinion : « En comparant les allégations de Tangorre, celles de son comité qui ponctuait ses “conclusions d’innocence absolue” en prenant de grandes distances avec des faits avérés, Marie-Jo et moi avons immédiatement pris les nôtres avec ce ragoût pestilentiel, assaisonné au chloroforme d’intellos qui allaient jusqu’à oser comparer le violeur à Alfred Dreyfus. »
A la décharge de ces intellos, Agret précise que Tangorre est malin comme un singe : « Il faut dire que Luc Tangorre est un artiste émérite en manipulation intellectuelle. Il est parvenu à vendre ses mauvaises vessies pour de belles lanternes aux Gisèle Tichané, chercheuse au CNRS, Jean-Denis Bredin, Pierre Vidal-Naquet, Marguerite Duras et tant d’autres… »
Il n’empêche que dans cette histoire Vidal-Naquet porte une lourde responsabilité : « On peut dire que l’historien Pierre Vidal-Naquet, dont le frère était l’avocat de Tangorre, a largement contribué à empoisonner les médias en multipliant ses tribunes à l’emporte-pièce induisant la nécessité d’une grâce immédiate… »
Au final, Roland Agret estime que l’affaire Tangorre est une saloperie qui a nui au combat que, depuis des années, il mène contre les toujours possibles erreurs judiciaires : « Au-delà du “cas Tangorre”, il reste tout ce qu’il a fait germer de négatif et de durablement pervers envers les détenus et les victimes d’erreurs judiciaires. Une “vilaine vie”, dont la pollution est grave, incrustée en profondeur. »
P. T.
1. http://action-justice.fr
2. http://rolandagret.blog.lemonde.fr/ tag/roland-agret/