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Goasguen fait le grand écart

Le « XVIe », dans l’Ouest de Paris, restera à droite, avec ou sans Claude Goasguen, maire depuis 2008. Manuel Valls a cherché à lui faire perdre – ainsi qu’à NKM – des voix sur sa gauche. Sa colistière Ann-Katrin Jégo pourrait bien lui en faire perdre sur sa droite. Et le pousser à un second tour.

Sous le couvert de l’anonymat, un ancien ministre de Jacques Chirac décrypte la polémique qui avait en­traîné, fin février, le départ des députés UMP de l’Assemblée nationale : « En ciblant Claude Goasguen, Manuel Valls n’a pas dérapé. Il savait très bien ce qu’il faisait. Il voulait faire perdre quelques milliers de voix à NKM en rappelant qu’un de ses proches avait flirté avec l’extrême droite. »
Le 25 février, Valls avait accusé Goasguen, dans l’hémicycle, de « ve­nir » de l’« extrême droite ». Tollé, fureur de l’intéressé et de ses amis politiques ! Com­me ci cela était honteux… Au lieu de répondre « Oui, et alors ? », comme l’aurait fait un Gérard Longuet, le maire du XVIe arrondissement s’est indigné : « Je n’ai jamais appartenu au mouvement Occident ! » En effet.
S’il s’est parfois opposé à ce mouve­ment pour asseoir son contrôle sur la Corpo de droit de Paris (ancien fief de Jean-Marie Le Pen), son engagement aux côtés de Jean-Louis Tixier-Vignancour lors de l’élection présidentielle de 1965 prouve bien qu’il appartenait, alors, à la droite dure. Et s’il a raison de dire que tous les partisans de l’Algérie française ne venaient pas de l’« extrême droite » – beaucoup ve­naient même de la gauche –, l’entourage de Tixier était évidemment issu de la droite nationale, Jean-Marie Le Pen et Roger Holeindre en tête.
Mais, n’en déplaise cette fois à Valls, Tixier ne fut pas le seul candidat « Algérie française ». Le centriste Jean Lecanuet, issu de la démocratie chrétienne, l’était tout autant, soutenu par la revue « L’Esprit public ». Ce n’est pas « Mi­nute » qui critiquera ces engagements. Mais ce n’est pas Goasguen qui nous fe­ra croire qu’il était alors centriste.
Centriste, il le deviendra plus tard lorsqu’il rejoindra le Centre des démocrates sociaux (CDS) de Jean Lecanuet et François Bayrou. Occident ou pas Oc­cident, Goasguen était dans les an­nées 1960 un compagnon de route des étudiants nationalistes. Pour une fois, Manuel Valls n’a pas menti.

Dans la famille Jégo, il n’y a rien à sauver
Or il est une – très rare – personne à croire en ses dénégations : Ann-Katrin Jé­go, qui figure en douzième position, parachutée par l’UDI (l’Union des dé­mocrates et indépendants de Jean-Louis Borloo), sur la liste qu’il conduit dans le XVIe arrondissement de Paris. Son époux, le député Yves Jego, n’est au­tre que le délégué général de l’UDI et le responsable du parti centriste pendant la convalescence de Borloo. Certains s’étonneront peut-être de savoir qu’Yves Jego a une femme mais c’est ainsi.
La semaine dernière, dans un entretien à « La Croix », Yves Jégo a annoncé que l’UDI appellerait à faire battre le FN dans toutes les communes de Fran­ce : « Nous allons respecter à la virgule près le front républicain : partout où il y a un risque de maire FN, l’UDI s’engagera vis-à-vis de la liste d’en face, y compris une liste PS. » Il ne va tout de même pas appeler… à fait battre Goasguen ? Et sa propre femme ?
En septembre dernier, ce même Jégo avait exclu le Cnip de l’UDI pour cause de « dérive droitière » supposée de son président, Gilles Bourdouleix, suite à une altercation de ce dernier avec les Roms. Infréquentable, le Cnip ? Pas pour madame Jego, qui n’est pas gênée par le logo du Cnip arboré par la liste Goasguen dans un arrondissement où le parti d’Antoine Pinay a toujours en­tretenu de solides réseaux ! Goasguen soigne le Cnip comme il soigne la Ma­nif pour tous…
A vouloir courir trop de lièvres électoraux à la fois, Goasguen risque pourtant de se prendre les pieds dans la sangle de son fusil. Car Ann-Katrin Jégo est une admiratrice des Femen ! En 2013, elle les a soutenues à plusieurs re­prises sur son blog, saluant notamment « l’héroïsme » de celles-ci en Tunisie. Et elle les préfère manifestement aux familles…

Que du mépris à l’égard de La Manif pour tous
Le 25 mars 2013, au lendemain de la manifestation historique qui s’était terminée sur les Champs-Elysées, Ann-Katrin Jégo écrivait : « Drôle d’idée de manifester aux côtés du GUD et du FN. Drôle d’idée d’y emmener des petits-enfants. » Avant de se moquer de ces fa­milles de La Manif pour tous : « Manifester c’est vulgaire, sauf entre soi. Là ça a du chien, c’est sensassssssssss ! » Ou en­core : « Et puis en famille c’est tellement bien, ça rompt la monotonie des dimanches sans fin… »
Quelques jours auparavant, le 10 mars 2013, cette féministe radicale réclamait le droit pour les femmes de célébrer la messe ! De quoi je me mêle ? Peut-être a-t-elle fini par entendre sonner les cloches de Saint-Honoré d’Eylau et de Notre-Dame d’Auteuil car son blog féministe, Les Simone, dont nous avons eu la bonne idée de faire des captures d’écran, n’est plus accessible…
Heureusement, il y des listes moins hypocrites dans l’arrondissement. Celle de Gérard David, le candidat Front national, par exemple, et l’autre liste menée par David Alphand, un jeune élu UMP sortant, soutenu par l’entrepreneur Charles Beigbeder.
David Alphand a déjà été élu de fa­çon indépendante en 2008. Lui aussi, comme Claude Goasguen, a défilé ceint de son écharpe de conseiller de Paris dans les cortèges LMPT et signé la char­te électorale du mouvement mais il n’y a heureusement pas de Madame Jégo sur sa liste. Par ailleurs David Alphand n’a pas soutenu NKM lors des primai­res UMP mais le maire du Ier arrondissement Jean-François Legaret, hostile au mariage homosexuel.
La famille Jégo veut faire barrage à l’union des droites, les électeurs de droi­te feront-ils barrage à la famille Jé­go ? En 2008, Claude Goasguen avait été élu au premier tour avec 51,71 % des voix. Un petit ballotage lui remettrait les idées en place…  
Lionel Humbert

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