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La recette de la « quenelle » passe par Téhéran

S’il s’était fait discret pendant l’« affaire Dieudonné », Yahia Gouasmi, président du Parti antisioniste, est toujours là. Plus remonté que jamais contre « le sionisme » qui tient tout. Et il vient de réitérer son soutien à Dieudonné, confronté à une « cabbale » Normal : la « quenelle », c’est son mets préféré.

Les élections européennes de juin 2009 marquent la première apparition de la « quenelle » sur la scène politique française. Dieudonné M’bala M’bala se porte candidat en Ile-de-France à la tête d’une Liste antisioniste. Sur l’affiche, il fait le geste « antisystème » et « antisioniste ». Posent à ses côtés l’essayiste issu du Parti communiste Alain Soral, un rabbin « antisioniste » et, juste derrière lui, en chemise blanche, Yahia Gouasmi, fondateur, en janvier 2009, du Parti antisioniste.
Yahia Gouasmi est la véritable cheville ouvrière de l’opération qui se soldera, sur le plan électoral, par un piteux 1,30 % des voix, avec des pointes à 6 % dans certains bureaux de vote de banlieue. En réalité, peu importe le score. Pour Yahia Gouasmi, qui est soupçonné d’avoir en partie financé la campagne par des apports du régime iranien, l’objectif est atteint : la parole « antisioniste » s’est installée. Elle va pouvoir se propager.

Souvent au mauvais endroit au mauvais moment
Né le 27 novembre 1949 à Sidi Bel Abbès (Algérie), Yahia Gouasmi a déjà toute une vie d’activiste international derrière lui. Basé à Grande-Synthe, dans la banlieue de Dunkerque, il sera tour à tour signalé à Londres, Genève, Cologne, Hambourg ou Téhéran, sa destination favorite, car il est chiite et donc pro-iranien. Et au mieux avec le régime des mollah. Au plus fort de la guerre Iran-Irak, rencontrant des journalistes, il aimait leur faire admirer des photos des lignes de front (prises du côté des ayatollah) qu’il assurait avoir faites personnellement lors de visites guidées auxquelles il avait pris part.
Comment vit-il alors ? Officiellement, de petit commerce, dont celui de la boucherie. En 1984, les services de contre-espionnage français découvriront qu’outre un appartement à Dunkerque et un pied à terre à Lille, il possédait aussi un logement à Boulogne-Billancourt. Le commerce marche fort. Cette même année, il est arrêté. Avec deux autres hommes, il est soupçonné d’avoir projeté de commettre un attentat contre un réfugié politique iranien vivant à Londres,
Hadi Hosandi, responsable d’une revue satirique anti-khomeyniste. Abdel Majid Chraibi, commerçant ambulant marocain de Saint-Pol-sur-Mer (Nord) et président de l’association Présence musulmane, Hafid Regradj, Algérien de Dunkerque, et Yahia Gouasmi, expulsés d’Angleterre, sont appréhendés à leur descente du ferry à Calais. Ils seront in­carcérés trois semaines dans diverses prisons du Nord-Pas-de-Calais, temps né­cessaire à un juge d’instruction lillois pour se déclarer incompétent, aucune infraction commise sur le territoire français ne pouvant leur être reprochée.
En 1987, l’enquête sur les attentats, commandités par Téhéran, qui viennent à l’époque d’ensanglanter la France permettra de mettre en évidence que Yahia Gouasmi était, pour des motifs culturels, en relation avec l’un des principaux suspects (qui sera innocenté) et qu’il faisait de nombreux déplacements en Iran. à croi­re qu’il est toujours au mauvais en­droit au mauvais moment.

« Tous les groupes islamiques sont solidaires »
C’est à ce moment de sa vie que ce Dun­kerquois semble s’être passionné pour l’import-export et le commerce de la viande halal.
Il entretient, à la même pé­riode, des liens amicaux avec plusieurs militants d’extrême gauche, au point que Jean-Noël Coghe, envoyé spécial permament de RTL dans la région lilloise du­rant vingt ans, relatera que Gouasmi lui avait annoncé la vague terroriste des Cellules communistes combattantes en Belgique bien avant que celle-ci n’ait eu lieu.
Gouasmi se fera ensuite discret du­rant quelques années et on entendra seulement parler de lui en 1992 quand un sinistre consécutif à un incendie d’origine indéterminée détruira une épicerie-boucherie dans laquelle il possédait des intérêts.
Puis, ne manquant jamais d’idées, Yahia Gouasmi se présentera comme étant le président de l’Institut de formation et de coopération euro-arabe, dont le siège est rue Chaptal à Paris (IXè). Le but de cet organisme était l’implantation d’une chaîne de télévision hertzienne musulmane en France.
Durant l’automne 1995, il attirera l’attention sur lui en déposant à la sous-préfecture de Dunkerque les statuts d’une association destinée à être la branche française du Reda, le Rassemblement européen pour la démocratie en Algérie. C’est en réalité une tentative plus ou moins avortée de création d’une FAE, une Fraternité algérienne en Europe, façade légale du FIS, le Front islamique du salut dissous en 1992 par l’Algérie, au sein de l’Union européenne.
Dans Le Blues du reporter, paru en 2002 aux éditions Le Castor Astral, Jean-Noël Coghe rapporte ces propos que Yahia Gouasmi lui avaient tenus dans les années 1980 : « Tous les groupes islamiques sont solidaires. Il existe deux branches. La première a un caractère religieux, de propagation de la foi. La deuxième est action. Les groupes armés. L’objectif est le même. Nous vivons en France, mais nous aidons nos frères. Nous devons diffuser le message islamique aux déshérités des nations musulmanes victimes du Satan : Israël, Etats Unis. Nous agissons pacifiquement avec ceux qui nous laissent œuvrer. Nous répondons par la force à ceux qui nous oppriment, nous emprisonnent. »
Président du Centre Zahra – qui fait du prosélytisme chiite et iranien en France –, du Parti antisioniste, de la Fédération chiite de France, Yahia Gouasmi, qui possède la nationalité française sans que l’on sache s’il dispose aussi de la citoyenneté d’honneur de la République islamique d’I­ran, est aussi celui qui a organisé les voyages de Dieudonné en Iran, comme celui, en novembre 2009, où Dieudonné et Gouasmi posaient à côté du président iranien de l’époque Mahmoud Ahmadinejad, avec lequel ils venaient de tenir une conférence de presse commune.
La recette de la « quenelle » n’a pas fini de livrer tous ses secrets.  

Antoine Vouillazère

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