Alexy Bosetti, jeune footballeur de Nice, a été sanctionné par la FFF (Fédération française de football) à cause des tatouages qu’il arbore sur ses bras : l’emblème d’un club de supporteurs niçois et les visages de Jacques Médecin et d’Albert Spaggiari. Retour sur une histoire hallucinante !
Le 21 janvier, en 16e de finale de la coupe de France de football, l’OGC Nice a créé une énorme surprise en éliminant l’OM, à Marseille, au stade Vélodrome, sur le score de 5 à 4. Parmi les grands artisans de cette victoire, un jeune joueur niçois de 20 ans, Alexy Bosetti, auteur du premier but de la rencontre. A ce joueur, un Niçois pur jus formé au club, le quotidien « Nice-Matin » rendait hommage le 2 février en lui consacrant un article dont le titre révèle de quel bois est fait le personnage : « Alexy Bosetti : “Ma vie, c’est Nice et le foot !” »
Héros sur la promenade des Anglais, Bosetti est en revanche considéré à Paris comme un dangereux « propagandiste ».
Le 29 janvier, la commission de discipline de la Fédération française de football, qui siège dans la capitale, lui a ainsi infligé un match de suspension suite à son comportement lors du fameux match OM-Nice.
Selon le procès verbal de la commission fédérale, que « Minute » a pu consulter, il est reproché à Bosetti d’avoir provoqué « les supporters locaux lors de la célébration de son but ». De quelle façon ? Leur aurait-il adressé un bras d’honneur ? Aurait-il fait l’andouille en faisant la quenelle ? Non pas…
Le PV précise qu’« après avoir marqué un but, le joueur Alexy Bosetti du club de l’OGC Nice a provoqué les supporters locaux en leur montrant un tatouage sur son bras » ! Mais lequel ?
Car Bosetti a sa ville natale et son club formateur dans la peau et sur la peau.
Sur le cœur, il a un aigle tatoué, l’emblème de l’OGC Nice.
Sur le bras droit une tête de mort, symbole de la « Brigade Sud », un club de supporteurs niçois créé en 1985.
Sur l’avant-bras droit, le visage de Jacques Médecin, qui fut maire de la ville de 1966 à 1990.
Et sur l’avant-bras gauche, un portrait d’Albert Spaggiari, le gentleman-cambrioleur qui, en juillet 1976, réalisa à Nice le casse du siècle, « sans haine ni violence ».
Médecin et Spaggiari bannis des stades
De ces deux personnages hors du commun, Bosetti a déjà expliqué toute l’admiration qu’il leur vouait : « Médecin a quand même fait beaucoup pour nous et il est très respecté par les Niçois. Et puis, Spaggiari, c’est une légende pour nous. » Mais pas pour la FFF, qui a donc estimé que ces tatouages étaient une provocation pour le public marseillais. Les bras nous en tombent des mains !
Comme à l’actuel maire UMP de Nice, Christian Estrosi, qui, sur Twitter, a adressé ce message de soutien au joueur : « Sanction infligée à Alexy Bosetti est une injustice. Témoigner fierté d’appartenance à Nice 06 lors d’un but n’est pas une provocation. » Quant au président de l’OGC Nice, Jean-Pierre Rivière, il s’interrogeait : « C’est scandaleux. Non, vraiment, si on commence à infliger un match de suspension pour ce geste, il va y en avoir beaucoup des suspensions en France… Pour tout dire, on a la sensation qu’Alexy a été ciblé. » Et l’OGC Nice décidait de faire appel de la sanction frappant son joueur.
Jeudi 6 février, le cas était donc étudié par la commission d’appel de la FFF.
A l’issue des débats, Bosetti se déclarait optimiste : « Nous leur avons expliqué que je célèbre mes buts comme ça, que ce n’est pas propre à Marseille, et que je n’avais jamais reçu la moindre remontrance. Ni des arbitres, ni de qui que ce soit. Et, donc, que nous ne comprenions pas l’objet de ma convocation. »
La devise de la Légion étrangèreinterdite ?
Pourtant, le lendemain, en déplacement sur la Côte d’Azur, Noël Le Graët, président de la FFF, annonçait que la suspension était confirmée (en conséquence de quoi Bosetti n’a pas pu participer au match Valenciennes-Nice de samedi).
Et Noël Le Graët, socialiste qui fut maire de la ville bretonne de Guingamp de 1995 à 2008, ajouta cette petite phrase qui en dit long sur les arrière-pensées de sa fédération : « Je peux juste vous dire qu’il [Alexy Bosetti] est un très bon joueur, il progresse. C’est quelqu’un que j’aime bien. Mais il faudrait qu’il soit un peu plus modéré dans son attachement à quelques valeurs. »
Voilà toute l’histoire. Bosetti a des valeurs qui ne plaisent pas à la FFF. Et le président de l’OGC Nice, Jean-Pierre Rivière, a raison : Bosetti a été ciblé. Depuis juillet dernier, il est dans le collimateur.
Le 13 juillet 2013, Alexy Bosetti est, avec l’équipe de France des moins de 20 ans, devenu champion du monde. Pour célébrer ce titre, il a brandi un drapeau aux couleurs de la « Brigade Sud », le club de supporteurs niçois. Compréhensible : quand il était adolescent, il en était membre. Or à la FFF, on n’aime pas ça… On signale qu’en 2010, ce club a été dissous par le ministère de l’Intérieur (suite à un derby Nice-Monaco plutôt musclé). Ce qui est faux : car ce club n’ayant aucun statut associatif, il ne pouvait pas être dissous. Et ce sont les sympathisants de ce mouvement populaire qui, fatigués d’être taxés « de fachos et de nazis », ont pris du recul… un peu… Car il y a toujours une âme niçoise qui vibre et se retrouve dans la tribune populaire Sud.
Et sur le site officiel de l’OGC Nice, hommage est rendu à ces supporteurs qui défendent l’identité niçoise : « Héritier de la Brigade Sud (1985-2010), le groupe fait partie des pionniers et piliers du mouvement ultra en France. Par ses chants, chorégraphies et tifos, la Populaire Sud a plus que largement contribué à la réputation de la ferveur du stade. »
La devise de ces fervents supporteurs est « Honneur et fidélité ». Des valeurs qu’apparemment la FFF ne goûte pas trop. Elle serait pourtant bien inspirée de les faire tatouer sur le torse des joueurs de l’équipe de France, histoire de leur rappeler leurs devoirs.
Comme c’est d’abord la devise de la Légion étrangère, ça peut les motiver…
Olivier Manin