C’est au mieux une tragique méprise, au pis une machiavélique manipulation de la droite, de l’Église, de la Manif pour tous et autres forces de réaction obscurantistes pour nuire à nos bons ministres : les manifestants qui sont descendus par dizaines de milliers dans la rue pour s’opposer aux projets « familiphobes » du gouvernement auraient été tout simplement manipulés !
C’est du moins ce qu’il ressort des récentes déclarations de Najat Vallaud-Belkacem, innocente comme l’oisillon tombé du nid et des nues. « Aucune de ces revendications ne correspond à la réalité, déclarait-elle le 2 février au micro de BFM TV : c’est pour ça que je les appelle des revendications imaginaires. Ils se disent, ces manifestants, contre la gestation pour autrui : eh bien, ça tombe bien, le gouvernement n’a aucune intention de l’adopter ; ils se disent, ces manifestants, contre l’indifférenciation des sexes : ça tombe bien, ça n’a jamais été dans notre projet. Ils se disent contre l’apprentissage des pratiques sexuelles à leurs enfants : oui, eh bien, ce n’est pas non plus ce que nous faisons et nous n’en avons jamais eu l’intention. Donc vous voyez que finalement, quand vous mettez bout à bout chacune de ces revendications, il est difficile d’y répondre, tant ça ne correspond à rien. » En résumé, « ce sont des interrogations hypothétiques qui se basent sur le fantasme, sur la peur, pour mobiliser des gens ».
Des enfants pour les lesbiennes, c’était prévu
Autrement dit, on nous ment ! Mais qui nous ment ? Les organisateurs de la Manif pour tous ou les hiérarques socialistes ? Poser la question, c’est déjà y répondre, mais ce peut être l’occasion de quelques rappels utiles.
Premier mensonge : le ministre des Droits des femmes fait semblant de croire que la GPA – autrement dit l’autorisation des mères porteuses – fait partie des revendications majeures des manifestants, elle la cite même en tête de liste. Or, la question n’est pas d’actualité puisque François Hollande lui-même avait déclaré en mars 2013 qu’il n’accèderait pas à cette revendication du lobby homosexuel : « La GPA, les mères porteuses, ça restera interdit en France tant que je resterai président de la République. » Certes, ce n’est pas parce que Hollande prend un engagement qu’il le tiendra ; mais trop d’autres fronts sont ouverts pour qu’il se batte sur celui-là.
Il n’en va pas de même de l’ouverture aux homosexuels, et en premier lieu aux lesbiennes « mariées », de la procréation médicalement assistée (PMA), que Vallaud-Belkacem range pourtant dans le même panier. Le gouvernement a en effet refusé de l’inclure dans le projet de loi sur la famille préparé par Dominique Bertinotti – et dont la présentation vient d’être reportée : pas de sujet qui fâche à ce point avant les municipales.
Mais cette idée n’était pas abandonnée pour autant : François Hollande lui-même, également en mars 2013, avait dit vouloir attendre la décision du Comité consultatif national d’éthique, qui devait être saisi de ce délicat sujet. Après les municipales, de préférence ; et surtout, après la recomposition de ce comité par trop indiscipliné dont ont été chassés les représentants des religions…
Le troisième mensonge concerne « l’indifférenciation des sexes », autrement dit la théorie du genre, à propos de laquelle Najat affirme : « Ça n’existe pas ! En tout cas, je ne l’ai jamais rencontrée. Quand on parle de genre, ce qui existe, c’est les “études de genre”. » Si elle n’a pas rencontré la théorie du genre, nous pouvons la lui présenter : il s’agit d’une théorie née en France, puis reprise aux Etats-Unis par Judith Butler, qui distingue l’appartenance anatomique à un sexe et l’appartenance psychologique à un genre, qui est d’ordre culturel. Or, c’est à cette conclusion que conduisent les études de genre dont Vallaud-Belkacem fait la promotion.
Une ligne pour les histoires de quéquette
C’est aussi à cela que répondent les différentes innovations introduites dans les écoles par les soins du ministre de l’Education, Vincent Peillon, avec l’active participation de Najat : crèches « neutres » dans lesquelles les bambins reçoivent, dès leur plus jeune âge, une « éducation non sexiste », autrement dit non sexuée, comme à la crèche Bourdarias de Saint-Ouen, où Vallaud-Belkacem s’était rendue en septembre 2012 en compagnie du ministre de la Famille Dominique Bertinotti ; kit « ABCD de l’égalité », dispositif « expérimental » (les cobayes sont les enfants) destiné à combattre dès l’école les « stéréotypes sexués » ; ou diffusion dans les écoles de films comme Tomboy (histoire d’une fillette qui se fait passer pour un garçon et dont une autre fillette tombe amoureuse sans connaître sa véritable identité…)
Reste l’apprentissage des pratiques sexuelles aux enfants. Sur le site de l’Education nationale, on peut lire qu’« au printemps 2013, pour la quatrième année consécutive, le ministère s’associe à une campagne de promotion de la Ligne Azur.
Cette campagne rappelle l’existence du dispositif aux collégiens et aux lycéens. Un kit de communication comprenant affiches et cartes mémo est adressé à tous les collèges et lycées. La Ligne Azur est un dispositif téléphonique et internet d’information, d’écoute et de soutien des jeunes. Elle est dédiée à leurs questions sur l’orientation sexuelle.
Comme le soulignait récemment le journaliste Eric Zemmour dans le cadre de l’émission Ça se dispute, la ligne Azur propose aux enfants de 11 ans un questionnaire où il leur est demandé (entre autres choses) quelles sont leurs pratiques sexuelles : « masturbation, pénétration buccale, pénétration anale, pénétration vaginale, autre, aucune » et s’ils se définissent « homme, femme, homo, hétéro, trans… »
Najat Vallaud-Belkacem ment donc « de bout en bout » et c’est une bonne nouvelle. Car quand on ment, c’est que l’on ne se sent pas les fesses propres, quel que soit son sexe réel ou ressenti, et que l’on a de bonnes raisons de cacher la vérité aux électeurs.
Pierre-Jean Rivière