Les Black Blocs originels sont apparus au sein des milieux autonomes allemands puis dans la mouvance « anti-globalisation » et font désormais parler d’eux quasiment lors de chaque grand rassemblement en marge des sommets du G8, du G20, de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), etc. Vêtus de noir pour mieux se confondre dans une masse où il est difficile d’identifier les individus (d’où leur surnom), les Black Blocs agissent aux marges des manifestations en s’en prenant avec violence à des symboles (banques, postes de police) ou plus directement aux forces de l’ordre. Ils sont principalement composés d’éléments se reconnaissant dans l’idéologie libertaire.
La dernière fois qu’on avait entendu causer des Black Blocs, à droite, c’était quand l’un des vieux loups de guerre de l’extrême droite, Gaston Besson (qui a tout de même traîné ses guêtres et son fusil dans les guérillas anticommunistes d’Amérique du Sud, chez les Karens de Birmanie ou au côté des nationalistes croates pendant la guerre de Yougoslavie), s’était amusé à aller faire profiter ceux-ci de son « savoir-faire » peu avant le sommet de Gènes en 2001. De cette expérience, il reste une interview assez savoureuse dans l’émission « Paris dernière » alors animée par Frédéric Taddeï.
Gaston Besson, aujourd’hui (presque) rangé des voitures, n’a rien à voir avec ces Black Blocs droitiers en gestation. Cette fois-ci, ceux qui semblent vouloir s’exprimer lors de ce Jour de Colère sont à aller chercher dans un mélange de supporters de football et de patriotes ou de conservateurs énervés qui ont fait leurs premières armes face aux forces de l’ordre lors des rassemblements pour la famille du printemps passé. Tous ont en commun l’idée que l’on ne parvient pas à se faire entendre en étant sages et fustigent notamment la politique « rose-bonbon » de La Manif Pour Tous.
Si les affrontements qui ont eu lieu lors de la dispersion de certaines manifestations – on se rappellera notamment de l’émeute aux Invalides à l’issue du défilé du 26 mai – avaient tout de l’embrasement spontané, il se pourrait bien qu’à l’avenir (et donc notamment lors du Jour de Colère), les forces de l’ordre aient à faire face à des groupes constitués, davantage préparés. Déjà, lors des dernières Manifs Pour Tous, il n’était pas rare de voir certains jeunes utiliser du sérum physiologique (minimisant les effets du gaz lacrymogène) ou encore porter des masques de chirurgien ou des lunettes de natation, là aussi dans l’idée de se protéger du gaz.
Du côté des services de renseignement, on murmure déjà qu’un imposant regroupement de « hooligans » patriotes du fameux « Kop de Boulogne » (désormais chassés des tribunes du PSG) se préparerait pour le 26 janvier. Ça tombe bien : après avoir dissous les Jeunesse Nationalistes, l’Œuvre française, les Jeunesses Nationalistes révolutionnaires et Troisième Voie, et fait interdire les spectacles de Dieudonné, Valls commençait à s’ennuyer…
L. H.