A force d’observer les Roms, le gouvernement a fini par s’en inspirer. Pour nous faire les poches. Nous déposséder du peu qu’il nous reste. Après les municipales ? Des techniques sont déjà exposées pour « sauver les banques » ou « désendetter l’Etat ». Avec notre argent.
Apprenez par cœur la définition du « bail in » : « Le “bail in” octroie aux autorités de contrôle prudentiel des établissements financiers le pouvoir d’imposer à certains créanciers d’un établissement de crédit qui aurait des problèmes de solvabilité la conversion de leurs créances en actions de cet établissement et/ou la réduction du montant de ces créances. » Vous aurez l’air beaucoup plus intelligent lorsqu’on vous videra votre compte en banque. Car c’est bien de cela qu’il s’agit.
La technique a été rodée à Chypre, réglementée par la Commission européenne pour être mise en place en 2018, date toute théorique car beaucoup trop tardive selon la chancelière allemande Merkel. Il ne sera pas difficile d’anticiper. Un soir, vous vous endormez en comptant vos économies déposées à la banque ; le lendemain, vous vous réveillez en ayant, à la place, des actions de ladite banque. Qu’on vous a refilées justement parce qu’elle ne valent plus rien !
Se faire « chyprer », ça va devenir tendance…
Vous n’avez pas la chance de détenir plus de 100 000 euros sur votre compte bancaire et vous pensez que vous ne courez aucun risque, puisque les 100 000 premiers euros sont théoriquement garantis par l’Etat ? Mais si votre employeur se fait « chyprer » – néologisme dont on devrait avoir l’usage prochainement – l’argent des salaires, la fin du mois risque d’être difficile, surtout les trente derniers jours comme disait Coluche.
La justification est toujours la même : l’important est de sauver les banques qui font marcher l’économie. Ce n’est pas ce que disent les entrepreneurs. Et c’est irréaliste. Le besoin de recapitalisation des banques françaises est à minima de 560 milliards sur la base des comptes publiés et sans préjuger des cadavres planqués dans les placards, cadavres qui sont nombreux dans le secteur comme on a eu l’occasion de s’en apercevoir lors de chaque crise financière.
Pour sauver les Etats – aussi indispensables que les banques –, le FMI a eu une autre idée. Géniale : « Les taux de taxation nécessaires pour ramener les ratios de dettes (par rapport au PIB) à leur niveau de la fin 2007 nécessiteraient une imposition d’environ 10 % sur tous les ménages disposant d’une épargne nette positive. » Certains économistes proches du gouvernement avaient calculé qu’en taxant l’épargne financière supérieure à 100 000 euros de 17 %, on rembourserait en quasi-totalité la dette française ! Magique !
L’idée est donc dans l’air : prendre l’argent là où il est, c’est-à-dire dans nos poches, et quelque chose nous dit qu’ils vont bientôt céder à la tentation du voleur rom dans le métro parisien… Juste un doigt pour commencer…
La Pologne a déjà raflé l’épargne-retraite !
Mais attention : l’épargne nette des ménages, qui, dans la savante définition de l’Insee, comprend les entrepreneurs individuels et les associations au service des ménages, est certes de 10 411 milliards mais elle est composée aux trois quarts d’immobilier, par définition non liquide. Les actifs financiers sont composés pour un gros tiers d’assurance, un tiers de liquide, un petit tiers d’actions et de Sicav.
Ce qui veut dire que pour liquider cette taxe, il faut pratiquement mettre à sec l’ensemble des comptes bancaires et des livrets (1 213 milliards), opération techniquement délicate puisque seule une fraction de cette somme est réellement disponible. Restent les assurances. Moscovenividivici peut demander des tuyaux à son homologue polonais qui vient de rafler l’épargne retraite de ses concitoyens ! Qui en a parlé ? Or, rapportée à son PIB, la dette de la Pologne est nettement inférieure à celle de la France…
Pour les portefeuilles de titres, la ponction se met doucement en place. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale a prévu de taxer rétroactivement les revenus des plans d’épargne en actions et des plans d’épargne logement ouverts avant mars 2011. Ceux-ci étaient en effet exonérés des prélèvements sociaux pendant la phase d’épargne et soumis à ces derniers lorsqu’ils devenaient liquides pour le bénéficiaire.
Le gouvernement est pressé de recevoir cet argent et va donc taxer tout de suite les gains réalisés depuis 1997 au taux de 15,5 %.
Dire que, pendant le même temps, on se demande si la TVA sur les produits de première nécessité doit être de 5 % ou de 5,5 %
Bertrand Riasse