Plusieurs des plus farouches opposants au mariage gay étaient présents à Rome et ont été reçus par le pape François. Dont Jacques Bompard. Des UMP et des UDI. Et quelques socialistes…
C’était une visite très symbolique. Une quarantaine de parlementaires français ont été reçus en audience privée au Vatican par le pape François le 15 juin dernier, alors même que le président de la République n’a toujours pas daigné se rendre à Rome comme le veut la coutume. François Hollande a néanmoins accepté – mais par courrier… – le titre honorifique de chanoine du Latran. Seul le premier ministre, Jean-Marc Ayrault s’était déplacé après l’élection du nouveau chef de l’Eglise catholique.
Les 16 membres de l’Assemblée nationale étaient menés par Xavier Breton, député UMP de l’Ain, initiateur de l’Entente parlementaire pour la famille. Le maire d’Orange Jacques Bompard (Ligue du Sud) était de la partie, tout comme le Toulousain Jean-Luc Moudenc ou l’ancien ministre Alain Marleix, indéracinable élu du Cantal. Si elle a participé au dernier pèlerinage de Chartres – comme elle le fait depuis des années –, Marion Le Pen n’était pas du voyage, ni d’ailleurs Gilbert Collard. En cherchant bien, on trouvait quand même deux socialistes, dont Thomas Thévenoud, député de Saône-et-Loire.
Du côté de la Haute Assemblée, représentée par 29 sénateurs, c’est Charles Revet, sénateur UMP de la Seine-Maritime et solide agriculteur cauchois, qui menait la délégation (il est président du groupe d’amitiés France–Saint-Siège). C’est d’ailleurs lui qui était à l’origine de cette visite, qui était engagée avant même l’élection du pape François.
Derrière Revet, on reconnaissait François Zoccheto, président du groupe UDI-UC, sénateur de la Mayenne, Bernard Fournier, sénateur gaulliste de la Loire ou le sénateur UDI de Paris, Yves Pozzo di Borgo, très engagé contre le mariage gay.
Le Saint-Père, qui s’est adressé à eux en italien et non en français, a tenu à leur rappeler qu’ils pouvaient aussi être amenés à « abroger » des lois, et pas seulement à les voter. Une allusion à peine voilée au récent débat sur le mariage gay.
Cela a suffi à déclencher une nouvelle vague d’anticléricalisme médiatique au sein de la gauche française. Ainsi David Assouline, sénateur de Paris et porte-parole du PS, a immédiatement publié sur son compte Twitter : « Et si le pape respectait notre République laïque, ses valeurs et lois, autant que notre laïcité respecte les croyances de chacun ? »
C’est bien la preuve que le rappel même de la morale catholique la plus élémentaire heurte le pouvoir français actuel. On peut s’attendre à de nouveaux rudes combats dans les mois à venir, notamment au sujet de l’euthanasie.
Antoine Ciney