Avant l’élection présidentielle de 1981, alors que la droite est encore au pouvoir, la sidérurgie lorraine bat de l’aile et les suppressions d’emploi s’annoncent inéluctables. Mais aux aciéries de Pompey, près de Nancy, un syndicaliste de la CFDT (Confédération française démocratique du travail) se dresse et dit non : « Nous n’accepterons pas de licenciements ! » Et il invite à voter Mitterrand. Ce dernier, élu, effectue son premier déplacement officiel en Lorraine, à Longwy, où il confirme ses promesses électorales : « Aucun poste de travail ne peut être supprimé dans la sidérurgie sans qu’un autre n’ait été créé ». Un gros mensonge. En moins de 3 ans, 33 000 sidérurgistes se retrouvent sur le carreau, sans être reclassés. Sauf un, le syndicaliste CFDT de Pompey. Son nom ? Jacques Chérèque. En 1984, il est nommé, par le gouvernement, préfet spécial en Lorraine, en charge du « redéploiement industriel ». Puis, de 1988 à 1991, il est ministre délégué à l’Aménagement du territoire du gouvernement Rocard. Et le syndicalisme étant une affaire qui roule, son fils, François Chérèque, sera secrétaire général de la CFDT de 2002 à 2 012…
Cette « belle » histoire pourrait-elle aujourd’hui donner des idées à certains ? En février 2012, candidat à la présidentielle, Hollande se rend en Moselle, à l’usine sidérurgique de Florange, que son propriétaire, l’indien Lakshmi Mittal, a décidé de fermer. Le candidat socialiste fait des promesses, et le délégué CFDT du site appelle à voter Hollande. Un an plus tard, Hollande et son gouvernement n’ont rien proposé, l’usine est toujours condamnée. En revanche, le syndicaliste de la CFDT s’est fait un nom : Edouard Martin. Chouchou des médias, il sort aujourd’hui un livre, Ne lâchons rien, dans lequel il accuse le premier ministre Jean-Marc Ayrault de manquer de courage… mais fait l’éloge du ministre du Redressement durable, Arnaud Montebourg, tout en épargnant le président Hollande. A se demander si Edouard Martin se bat réellement pour les ouvriers de Florange ou si, à l’instar d’un Chérèque, il veut profiter de l’occasion pour se faire une place dans le syndicalisme doré ?
Pierre Tanger
AVIS IMPORTANT A NOS FIDELES LECTEURS QUI ACHETAIENT EN KIOSQUES
Pour préserver la pérennité de votre journal nous avons pris la décision de nous retirer des kiosques et magasins de presse depuis le numéro 2931 du 17 juillet 2019. Nous comprenons bien, dans un monde idéal, la liberté de l’acheteur au numéro, mais cette décision, ici et maintenant, est essentielle pour la survie du titre. Il faut VOUS ABONNER.
Par le site ou chèque à l'ordre de ASM. A envoyer à : SCI BP 20017 - 49260 MONTREUIL-BELLAY PDC 1
Vous pouvez également vous abonner par PRELEVEMENT MENSUEL pour 13 euros.
Pour cela il convient de nous envoyer votre RIB ainsi que vos coordonnées postales par mail ou par courrier.