L’ancien député FN de Seine-Saint-Denis avait été parachutiste et grand reporter
Un déjeuner avec Roger Holeindre était un de ces moments d’amitié française dont on se souvenait longtemps. Je retiendrai celui qui nous avait réunis il y a quelques années chez Martial Bild dans le 16e arrondissement avec quelques amis du Mouvement Normand. Comme d’habitude Roger avait démontré que ses deux qualités principales étaient sa gentillesse et son intransigeance. Roger Holeindre est mort subitement le 30 janvier d’une crise cardiaque à l’âge de 90 ans. Il avait publié il y a quelques mois de passionnants entretiens avec notre confrère et ami Arnaud Menu. Parmi les portraits qui lui ont été consacré suite à son décès, on remarquera celui de Jean-Yves Camus pour Le Figaro, qui souligne avec justesse qu’il était l’ « un des derniers représentants du nationalisme soldatique ». Né en Corse d’un père qui fut militant d’Action française avant de devenir communiste, résistant à l’occupant allemand dès l’âge de 15 ans, le jeune Roger Holeindre enlève deux mitrailleuses ennemies à Noisy-le-Sec. Fusiller marin en Indochine, puis caporal-chef parachutiste colonial, il gagne le surnom de « Popeye » qui lui restera et la médaille militaire. Devenu sous-officier, il sert en Algérie dans les parachutistes d’infanterie de marine et est grièvement blessé d’une balle dans la tête. Outre la médaille militaire gagnée en Indochine, il est décoré de la croix de guerre TOE et de la croix de la valeur militaire avec de nombreuses citations. Il refuse avec courage et vigueur l’abandon programmé de nos départements d’Algérie.
Traversée du désert
Passé à la vie civile, mais demeuré en Afrique du Nord où il éduque dans un esprit national de jeunes musulmans, il rejoint l’OAS au sein du maquis « Bonaparte ». Arrêté et condamné, il goûte des prisons françaises durant trois ans et demi avant de s’engager en politique aux côtés de maître Jean-Louis Tixier-Vignancour en 1965. Il met en place pour lui un cirque, déplaçant dans la France entière un chapiteau démontable en guise de caravane électorale. Cette première incursion dans le champ électoral va le marquer se termine par l’échec que l’on connaît : 5,2 %, les antigaullistes ayant préféré voter pour Jean Lecanuet qui passait bien mieux que Tixier à la télévision. La traversée du désert électoral de la droite nationale durera près de 20 ans. Proche de Jean-Marie Le Pen, Roger Holeindre anime avec lui le Cercle du Panthéon, rue Quincampoix et en 1968 le Front uni de soutien au Sud-Vietnam. Il tient un restaurant dans le quartier des Halles, à l’enseigne du Bivouac du grognard où se pressent notamment les militants d’Occident. Professionnellement, Holeindre devient grand reporter à Paris Match puis au Figaro magazine et écrivain militaire, publié chez des éditeurs aussi prestigieux que Robert Laffont. Puis vient la grande époque du Front National dont il est l’un des cofondateurs en 1972 et l’un des vice-présidents. En 1985 il fonde le Cercle national des combattants (CNC) qui comptera jusqu’à 5 000 membres et pour lequel il fera l’acquisition du château de Neuvy-sous-Barangeon (Cher) appartenant à l’ex-empereur du Centrafrique, le fameux Bokassa.
Député de la Nation
En 1986, Roger Holeindre est élu député au scrutin proportionnel en Seine-Saint-Denis. Il le restera jusqu’à la dissolution de 1988. Il devient un orateur redouté du groupe Front National. Sa plus célèbre réplique aux députés socialistes sera de leur asséner que les seules balles qu’ils aient entendues siffler étaient des balles de tennis ! En 2011, il claque la porte du Front National après l’élection de Marine Le Pen comme présidente du parti et rejoint Carl Lang au sein du Parti de la France. Roger Holeindre a également été conseil régional d’Ile-de-France et conseiller municipal d’opposition à Sevran (Seine-Saint-Denis). Roger Holeindre fut l’homme de la fidélité à la France et à la cause nationale. La rédaction de Minute présente ses condoléances à sa famille et à ses proches. Jean-Marie Le Pen a pour sa part salué son vieux camarade sur son compte twitter : « Par la plume et par l’épée, toute sa vie dès l’adolescence jusqu’à la mort a été consacrée à la défense intransigeante de la patrie. » Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national a également salué publiquement sa mémoire. Les obsèques religieuses de Roger Holeindre ont été célébrées le jeudi 6 février à en l’église Saint-Roch de Paris en présence d’une foule de près d’un millier de fidèles. Au premier rang figuraient Jean-Marie Le Pen et sa petite-fille, Marion Maréchal, mais on notait aussi la présence de Nicolas Bay, Marie-Christine Arnautu, Carl Lang ou encore Alain Robert. Le Père Jean-Paul Argouac’h a prononcé l’homélie et Bruno Gollnisch l’éloge funèbre où il a exalté les mérites du défunts. Sur le parvis, avant le départ du cercueil, la foule a entonnée La Cavalcade, le Chant des Africains puis une vibrante Marseillaise.
Antoine Ciney
Arnaud Menu, C’est Roger, Edition Synthèse nationale, 154 pages, 20 euros.
Les éditions d’Héligoland ont réédité un grand nombre d’ouvrages de Roger Holeindre.