C’est sans doute le plus vieil outil que l’on connaisse, du moins le plus vieil outil fabriqué. Le bâton ou la pierre écrasent, pilent, mélangent ; le couteau, lui, sectionne, coupe ou perce. D’abord de silex taillé, il deviendra vite de bronze, puis de fer, avant de connaître l’acier. Plus humble que le glaive, la lance ou le sabre, il est aussi le plus immédiatement indispensable. C’est au point qu’à l’époque romaine, des artisans auront pour la première fois l’idée de le plier en deux afin de le rendre plus sûrement transportable. Ce seront les premiers couteaux « piémontais ». Le couteau pliable, couteau de poche ou encore canif entame alors sa longue carrière.
Quand les mécanismes qui permettent de le déployer sans risque auront commencé à se perfectionner, le couteau pliable deviendra le compagnon des hommes de toutes conditions. Le berger s’en servira pour couper son bout de fromage ou de charcuterie, le seigneur l’emmènera à la chasse ou à la guerre, quant au clerc, il s’en servira pour cette noble et délicate opération qu’est le taillage de la plume d’oie. Couteau de poche ou canif, il est bon à tout et à tous.
Quand l’industrie s’en mêlera, le couteau piémontais s’effacera un peu au profit du fameux eustache, le couteau à lame dite « en yatagan » créé par le Stéphanois Eustache Dubois. Sa réputation sera telle que, même lorsque la fabrication aura cessé, on appellera encore eustaches des couteaux d’autres modèles, tout aussi rustiques, fabriqués à Nontron ou à Thiers. L’eustache, c’est le couteau emblématique des gamins de Louis Pergaud dans La Guerre des boutons qui est pourtant censée se dérouler